Houellebecq, c’est marrant ce type…plus je le lis, plus il me parait familier…jamais, je n’ai ressenti une telle proximité avec un auteur…je pense que c’est lié à son style, finalement très simple, pas très bon même, et sa grande sensibilité, alors on se sent proche…dans son dernier bouquin, il s’est débarrassé un peu de son côté biologiste et de ses longues tirades scientifiques chiantes sur la génétique (y’a encore de la décomposition de corps, du charcutage, de l'euthanasie, rassurez-vous)…on sent quand même que cet univers s’éloigne de sa vie…à part écrire, il n’a plus rien d’autre à foutre que du tourisme, de fréquenter les grands hôtels et de côtoyer les peoples (même si tout cela l'emmerde profondemment) …alors, il décrit, Michelin, la police scientifique, le monde de l’art contemporain, les critiques, les écrivains, les journalistes, la faune branchouille, en mélangeant vrais personnages, comme Koons, Pernault, Patrick Kechichian (ex critique au monde), lui même et faux gus, faux restos ressemblant comme deux gouttes d'eau à de vrais restos dont il aurait changé le nom…du monde de l’entreprise, il a gardé sa connaissance du marketing et du théâtre grand guignol, pratiqué avec plus ou moins de brio par l’encadrement de nos multinationales… du scientifique, il a gardé sa manie du détail et de mettre des termes techniques, inconnus du commun des mortels, ca le fait, comme le bleu de phtalocyamine, le papier Hahnmulhe, etc…ca fait riche…est-ce que ca suffit pour faire un écrivain…visiblement, oui, car le bouquin se dévore...et on retrouve toujours cette pensée désespérée qui est son fond de commerce, sa manière de mettre en évidence les travers du grand marché économique et sexuel qui déchirent la planète, où un BHL avec sa gueule et son art de la dialectique, a bien plus de chances de trouver du plaisir qu’un petit gros à lunettes qui a du mal à aligner trois mots…à mon avis, avec ça, il est certain d’avoir du boulot jusqu’à la fin de ses jours, le Houellebecq… bref, c’est un bon cru….ça se lit comme un San Antonio de jadis, ça n’a pas beaucoup plus de profondeur, mais il y a un côté thriller à son bouquin… il parait que c’est ce qu’il y a de mieux dans cette rentrée littéraire….ça en dit long sur la médiocrité de la littérature française et sur la déchéance du système….
Image : Hirst, cité par Houellebecq, dans son dernier "La carte et le territoire" et qui souligne bien le caractère morbide tendance fric du propos.