Etant tombé un peu par hasard, sur un forum de discussion assez fourni (plus de quarante auteurs de commentaires), autour du livre "Pas pleurer", de Lydie Salvayre, le Goncourt 2014, j’ai envie à nouveau de partager quelques lignes atour de ce bouquin, qui visiblement, divise ses lecteurs en deux camps, ne faisant vraiment pas l’unanimité…peut être est-ce seulement le fait que ce soit un prix, souvent bon sujet de contestation, à moins que cela ne soit lié au thème encore très sensible ,d’une guerre civile…pourtant, sans la prestigieuse récompense, cet ouvrage aurait pu passer inaperçu, vu qu'il trainait depuis deux mois sur les étals des libraires... mais dès l’annonce du Prix, la première édition a été épuisée en deux heures, à peu près partout, sauf à Neuilly et au Touquet, où personne ne lit, les locaux ayant des choses bien plus sérieuses à faire que de lire... chez ces gens là, une librairie sert surtout à vendre du stylo Mont Blanc, si, si, va voir…
ah, la publicité, les médias, on peut hurler après, n’empêche que….ah ces libraires qui semblent toujours regarder de haut, ceux qui font du business…n’empêche que leurs vitrines suivent l’actualité médiatique pour attirer le chaland….il n’y en avait que pour Modiano lors du Nobel, et après la vague Goncourt qui leur a fait du bien au chiffre d’affaires (on ne vit pas que de madeleines, de thé et de causeries dans l’arrière boutique), voici que tout ce que Fouenkinos (Prix Renaudot) a pu écrire, est de sortie sur les présentoirs, tous éditeurs confondus….
enfin... pour rester dans des considérations très commerciales et revenir au Goncourt, la première réflexion que j’ai envie de faire concerne le cœur de cible des lecteurs, comme on dit chez les marketteux, qui semble être surtout fait de profs d’espagnol et de descendants d’aïeuls ayant vécu la guerre d’Espagne, dans un camp ou dans un autre, vu le style et le ton des commentaires….on remarquera qu’un assez grand nombre semble bien connaitre la littérature espagnole, y compris celle qui n’est pas publiée en France, n’étant pas traduite en français (ce qui situe le niveau)….
Le plus gros reproche fait au livre « Pas pleurer » est la présence, déjà évoquée, de nombreux passages, en ce qui semble être du dialecte castillan, des hispanisants habitués à manipuler la langue de Cervantes, disant ne pas comprendre les lignes non traduites par l’éditeur, ce qui semblent gêner un assez grand nombre de lecteurs, même si comme dit un internaute, avec une certaine moquerie « c’est un genre littéraire, il faut évoluer chers lecteurs ».
Le second reproche qui revient souvent, est d’avoir mêlé Bernanos, le grand Bernanos à cette histoire « pour boucher les trous », comme on peut lire sur le web, ce à quoi un autre répond que Bernanos n’est pas un intouchable…. une belge ose intervenir et se fait "prendre pour une cloche qui sonne creux comme les gens de son pays""....je pensais qu’on était pourtant entre gens de bonne compagnie, mais les vieux conflits entre gens du nord et gens du sud ont la dent dure…
Et le ton monte, au fur et à mesure que l’on progresse dans le dialogue entre internautes…visiblement, un mec de gauche s’en prend à un autre plus conservateur et commence à le traiter de Zemmour…il se sent majoritaire, car il y a visiblement plus de monde qui semble se situer dans le camp des révolutionnaires…pourtant, il ne faudrait pas oublier les massacres de Paracuellos, près de Madrid, qui n’ont rien à envier aux épurations en Ukraine par les SA au début de la war II comme le racontait très bien "les bienveillantes", avec également fosse et assassinats très sauvages, de plusieurs milliers de curés, de bonnes sœurs, de bourgeois et de pauvres types soupçonnés de phalangisme par les républicains…il ne s’agit pas d’excuser Franco et les nationalistes, mais une guerre civile est une guerre civile….c'est vrai que ce peuple espagnol n'est pas toujours simple à saisir...j’avoue, pour m’être trouvé à Séville pendant une période de semaine sainte il y a quelques années, qu’ils créent le malaise, les cathos, avec leurs confréries plus ou moins étranges (la plupart ont été créées sous les dictatures), leurs pasos portés par des pénitents, avec pour certains des cagoules en prime, et leurs interminables défilés de macarenas et de vierges au teint cireux, portées à bras , dans les rues de la vielle ville, autour de la cathédrale…
En tous cas, un Goncourt, plus encore que les autres prix, ça fait jaser….sans oublier de dire qu’on sent quand même un fond de violence qui sommeille dans ce pays, et que même sur un sujet comme celui là, on pourrait vite en venir aux mains, voire plus….espérons que tout cela ne dégénère pas….plus je vieillis et plus je pense que personne ne comprends personne....chacun dans sa bulle, avec ses bonnes intentions, ses bons arguments, pour se donner bonne conscience, histoire de mourir en paix....allez, va !