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cinéma - Page 97

  • Le cinéma numérique face au marché

    Mi juin, la proposition de loi visant à aider la mutation des salles de spectacles cinématographiques vers le numérique a été adoptée sans trop de communication dans la presse. Elle doit être examinée au Sénat dans les prochaines semaines. C’est pourtant un texte majeur pour l’avenir d’un pan important de notre culture.

    Sans se perdre dans les détails, rappelons les enjeux. Le passage au numérique (projection avec film sous forme de fichier), plus flexible que les bobines, permettant par ailleurs d’étendre la programmation à de l’Entertainment (3D, opéras, concerts, retransmissions sportives, etc..) est un investissement important (matériel de diffusion, serveurs, lignes télécom, formation des opérateurs, etc..), que de petites salles du fait de leur situation géographique ou de leur orientation très Art et Essais, auront du mal à supporter. Le risque est double :

    - Voir les majors (Europalaces – Gaumont Pathé - UGC, etc…) monopoliser de plus en plus le marché.
    -
    Voir la programmation abandonner de plus en plus l’art et Essai non rentable.
     - Voir des écrans disparaître de certaines villes moyennes ou département, comme l'Yonne, la Meuse, etc... jugés pas assez rentables.
    Selon ses vieilles habitudes, la France va y aller d’une loi un peu tordue, inapplicable, avec quotas, engagement de programmation, contributions, contraintes de qualité, clé de sécurité pour limitation de la flexibilité,  etc….
    Sauf que la réalité est là : les jeunes ne sont pas très intéressés par l’Art et Essai, attirant davantage des spectateurs solitaires, les femmes et les séniors (et donc prioritairement les femmes séniors).
    Si je regarde ma propre expérience : cette semaine, j’ai vu la Palme d’Or, on était 3 dans une salle de 200 personnes…la semaine dernière, j’ai vu Poétry, on était 10 dans le même salle…et ca fait des années que çà dure….j’ai majoritairement vu des films à Paris, en banlieue ou en Province, la semaine, le WE, le soir ou la journée, en étant moins de 5 dans la salle…cela ne tient pas la route sur le plan économique…toutes les meilleures lois du monde ne changeront pas le marché et son évolution….alors, que faire…demander aux contribuables de subventionner ? Pas très sérieux, surtout en période de crise… demander aux majors de payer pour les petits (films, salles..) ? pas très correct et pas très sûr… tenter de ralentir les évolutions du marché ? Réactionnaire….. non, je pense qu’il faut faire des efforts d’imagination pour trouver de nouvelles solutions :

    -          Salles plus petites et plus nombreuses, devenant peut être plus spécialisées : cinéma européen, cinéma asiatique, etc.. 

    -          Rendre la chose encore plus attrayante : interventions régulières de réalisateurs, de professionnels, conférences autour du cinéma, séances ne se limitant pas à une projection simple…

    -          Que les producteurs réalisateurs de films Art et Essai « lâchent » sur leur  contrainte de qualité d’image. Pour faire simple, les professionnels de la profession veulent imposer une norme de diffusion en termes de qualité d’image (taux de compression, définition, etc..), impliquant la nécessité d’utiliser des équipements lourds de diffusion publique (pas de DVD avec vidéo projecteur, par exemple).

    Et vous, vous en pensez quoi ?

    Rapport de l'Assemblée Nationale