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litterature - Page 11

  • Plaidoyer pour l'altruisme, un livre de M. Ricard

    Je voudrai vous parler d’un livre, d’un monument, devrais-je dire, puisque cet ouvrage comprend 900 pages. Ce qui est plaisant, avec Matthieu Ricard, c’est que cet homme est intelligent, passionné de neurosciences, et que son propos est tout au long du livre, ponctué de références médicales ou sociologiques, d’expériences scientifiques souvent sous IRM et de citations de médecins, d’économistes, de philosophes, de politiques qu’il a eu l’occasion de rencontrer lors de ses innombrables voyages autour de la planète.

    Pour moi, le bouquin est constitué de deux parties :

    - Une première, qui est une reprise de ce qu’il a déjà écrit dans ses précédents ouvrages, disponibles en livre de poche, traitant plus particulièrement de l’altruisme. Il s’explique longuement, un peu trop longuement à mon goût, sur ce qu’est cette attitude, qui ne peut être que le fruit d’un long travail sur soi. Le bouddhisme n’est pas une religion, pour lui, d’ailleurs Ricard n’est pas très tendre avec les religions, dont il se méfie beaucoup, compte tenu des dérives sectaires, de pratiques peu ouvertes et simplistes, au nom d’une certaine Vérité,  et des violences qu’elles peuvent entrainer (ou qu’elles ont entrainé dans leur histoire). Il plaide pour l’amour de l’Autre, en précisant ce que devrait être à ses yeux, le véritable amour, qui ne peut pas être seulement de l’oubli de soi et de l’empathie, mais une véritable recherche du bonheur de son prochain, à laquelle on ne peut accéder que par la méditation.

    - La seconde partie est plus militante, mais aussi très intéressante. Avec graphiques et preuves à l’appui, il traite de la destruction de la planète, des mauvais traitements du monde animal, du libéralisme, qu’il ne condamne pas,  mais dont il pointe les dérives destructrices de vie, comme une certaine forme de marchandisation de tous les êtres vivants, et par une concentration des pouvoirs entre une minorité d’individus qui jouent aux maitres du monde. Il livre des scénarios extrêmement pertinents de notre avenir collectif, tantôt pessimistes et tantôt optimistes, pointant la redistribution en cours, de toutes les ressources alimentaires et énergétiques, l’émergence de nouveaux besoins (par exemple, les métaux rares, comme le scandium, l’yttrium, les lanthanides, base de nombreuses nouvelles technologies, à toxicité hépatique encore peu étudiée, que le plus grand nombre d’entre nous utilise dans sa TV, son ordinateur, sa tablette, sans en avoir jamais entendu parler).  A l’évidence, on est plus que jamais, condamné à vivre ensemble sur notre bonne vieille Terre, mais il sait aussi que les solutions trop réductrices proposées par des politiques, fonctionnant à la quête effrénée de voix, ne mèneront à rien. Seul à ses yeux compte le travail collectif, l’étude, la négociation planétaire, n’impliquant pas seulement des critères purement financiers, pour définir, évaluer, partager, ce qu’on doit produire, ce qu’on doit extraire, ce qu’on doit pécher, ce qu’on doit recycler, etc…Il ne prône pas non plus une unique gouvernance mondiale, qui serait dangereuse, il espère simplement que nous serons assez forts pour être capable de sortir de nos rapports sociaux encore trop souvent basés sur le rapport de force, le profit immédiat, sur la seule mesure de la performance par le PIB, et par la recherche de n’importe quel type d’emploi, au nom de la réduction du chômage.

    Bref, c’est un livre qui donne de l’air, de la hauteur,  et ça fait  du bien par les temps qui courent, nous sortant des mesures clientélistes, nationalistes, voire régionalistes, dont on nous abreuve chaque matin aux informations…ce livre nous montre bien que les recettes proposées par tous nos partis politiques, nous entraine dans le mur, tant il se dégage de ses professionnels du marketing électoral, un parfum de vieux briscards fabricants de coups médiatiques, appliquant des programmes dogmatiques, sans imagination, d’un autre siècle, sans véritable vision ou remise en question.