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chomage

  • Les belles personnes

    De retour de mes rendez-vous avec les porteurs de projet, où j’interviens depuis bientôt 4 ans, comme bénévole dans le cadre du dispositif NACRE (Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise, destiné essentiellement aux demandeurs d’emploi et aux bénéficiaires de minima sociaux), je viens témoigner de cette expérience, qui me plonge à chaque fois, dans de nombreuses interrogations et me ramène à beaucoup d’humilité.

    Tout d’abord, je tire mon chapeau à tous ces gens, qui travaillent souvent beaucoup pour gagner peu et qui cherchent, par l’action,  à sortir d’une situation de chômage ou de précarité.

    Il faut rappeler que la France se situe au premier rang des pays européens en matière de création d’entreprise (549 000 entreprises créées en 2011, dont près de la moitié dans les services), grâce en particulier au dispositif Auto entrepreneur, mais à un rang médiocre en matière de pérennité, et surtout  de revenu pour les créateurs, qui souvent gagnent bien moins que le SMIC. L’aide de l’Etat en matière de soutien se chiffre à environ 2,7 milliards d’euro (source de tous ces chiffres Cour des Comptes Rapport 2013), avec une aide pointée comme bien trop faible en matière de soutien post-création.

    Une des plus grandes erreurs que j’ai rencontrées est d’associer souvent Création d’entreprise et création de site internet, comme si cela suffisait comme vitrine. Comme on manque souvent de moyens, on conseille aux gens de créer un site. Les créateurs se rendent assez vite compte que c’est un gouffre en temps et malgré tout, en argent (une heure de webdeveloppeur valant en général autour de 50 € et il faut pas mal d’heures pour réaliser un site qui tient la route), pour un résultat hyper médiocre (en général 10 à 20 visites par mois, avec aucune commande, quelque soit l’activité).

    En effet, un nouveau site marchand a peu de chance d’être visible sur Google (imaginons par exemple que mon activité soit la vente de produits de beauté bio), du fait des algorithmes qui placent en priorité les sites qui marchent. Par ailleurs, en imaginant que grâce aux jeux de référencement par d’autres sites, on me trouve, il y a peu de chance pour qu’on achète en ligne à un inconnu avec un paiement CB (problème de confiance). Les visites enregistrées se résument à de la consultation de prospects qui cherchent des infos, mais qui achèteront ailleurs, dans des enseignes connues.

    Il faut donc essayer de revenir à des méthodes traditionnelles de vente, avec du CONTACT physique, ce qui n’est pas toujours simple et pas toujours facile à faire passer comme message, dans un monde où le virtuel semble moins contraignant que le rapport direct. A ce sujet, il est souvent plus prometteur d’avoir une activité basique (garde d’animaux et toilettage, tatouage, etc…) qu’une activité de service sophistiquée (genre styliste à partir de fripes ou de vêtements récupérés, par exemple ou sophrologue, métier où l’offre dépasse largement la demande « payante »).

    En tous cas, comme le pouvoir d’achat des particuliers est de plus en plus menacé par des impôts qui frappent toujours plus, il n’est pas facile de faire son beurre.

    Du coup, je me pose beaucoup de questions sur nos choix politiques, où la bonne volonté, le cœur, les beaux discours trouvent vite leurs limites, tout comme les aides financières, qui dans beaucoup de cas, ne servent pas à faire décoller l’activité. Donner, oui, s’engager, certes, mais c’est un peu court….et on a encore trop souvent tendance en France à admirer les « belles personnes » qui parlent bien de solidarité…encore faut-il qu’il y ait des résultats…et les savoirs faire dans ce domaine ne courent pas les rues.