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  • Filmer le politique

     

    J’ai reçu dernièrement un très beau cadeau, à savoir le coffret DVD « Jean Luc Godard Politique » paru en fin d’année précédente.

    C’est une bonne occasion de replonger dans les années autour de 68, puisque le coffret démarre avec « La chinoise » réalisée en 1967.

    Que reste t-il de cette période et de cette pensée, au-delà du cas Godard ?

    Filmant surtout des maos, mais aussi des intellectuels, étant à l’époque en couple avec Anne Wiazemsky, petite fille de Mauriac et étudiante à Nanterre, on sent plusieurs tendances :

    - un rejet du patronnât, de l’entreprise, du capitalisme, toujours considéré comme terrain d’exploitation.
    - une volonté de casser le couple classique et le mariage, qui place la femme en situation de dominée et qui fabrique une société de frustrés.
    - une forte croyance en la culture, capable de devenir un moyen de changer le monde. Une interview  dans le film « La chinoise » montre Francis Jeanson, intellectuel de l’époque, défendre l’idée de la culture comme moyen d’action, de lutte et d’émancipation.
    - un rejet de l’université classique, jugée trop bourgeoise, n’ayant seulement pour but que de préparer les étudiants à reproduire à l’infini la lutte des classes.
    - un rejet des médias, à la solde du pouvoir, à la fois dans leur méthode de fabrication de l’information et dans leur diffusion.

    Quarante ans après, c’est étonnant de voir comment tout cela a évolué :

    - le rejet de l’entreprise est resté dans les esprits de beaucoup de gauchistes, y compris chez des grands intellectuels (Onfray est un bel exemple), et on voit les effets sur la politique actuelle de Ayrault Hollande.
    - le deuxième point est le seul qui a cheminé, de mon point de vue, tellement cheminé que l’on arrive aujourd’hui à un risque de retournement et de dérive (voir certaines revendications dans les manifestations pour le mariage gay) , même si ma phrase parait fasciste (une société de femmes, excluant les hommes devenant de simples producteurs de spermes, vivant et élevant des enfants  entre femmes).
    - le grand échec de la démocratisation de la culture, à la fois, pour moi, peu influente sur le plan de l’émancipation des masses et devenant plus que jamais un produit de consommation ( voir la course aux nombres d’entrées dans les grandes expositions et le marketing qui va avec).
    - Une cacophonie dans le monde universitaire, aboutissant au recul de plus en plus important, de notre système éducatif, sur le plan de son efficacité, de sa pertinence, et de son accroissement des inégalités.
    - un cynisme des médias, qui souvent contrôlés par des gens de gauche (voir les journalistes, les techniciens, les réalisateurs, etc…) a perverti complètement le système (téléréalité, documentaires bidons,voire  manipulations...)

    En guise de conclusion, pour vous faire un peu profiter de Jean Luc Godard, je vous conseille de regarder cette interview de 1972, dans lequel le cinéaste parle justement des médias et qui reste complètement d’actualité (ce document ne fait pas parti du coffret).