Le coup de bourdon en sortant de la salle de cinéma….non pas parce que le film est mauvais, Nicolas Philibert, comme dans « Etre et avoir » pose sa caméra et nous laisse regarder ce qui ce passe…très bien, trop bien presque….jamais d’interview, d’images d’archives, de plans de coupe ravageurs…
Mais c’est le côté vieillot, terriblement vieillot renvoyée par cette maison aux allures quasi soviétiques qui m’a frappé, une maison envahie par une bande de séniors, largement majoritaires, tant côté public que côté journalistes.
Le temps semble s’être arrêté dans les années 80, voire avant, comme dans cet enregistrement du « Jeu des Milles Euros », où un assistant égrène avec son petit marteau les secondes qui défilent…le concept a été créé en 1958....comme dans le Téléphone sonne (création en 1978) au rythme tellement bien rodé, qu’il en devient monument d'antiquité...comme cette émission de France Bleue, où les auditeurs téléphonent pour offrir une chanson à un parent pour son anniversaire....très années 50, ce n'est pas Radio France, c'est radio Nostalgie.
Je pense que si l’auteur avait inséré sans rien dire, au milieu du film, des images de feu l’Oreille en coin, de José Arthur et son Pop Club, ou de Claude Villers animant son Tribunal des Flagrants Délires, la plupart n'y aurait vu que du feu…
Ca ronronne, c’est consternant, mais on s’amuse comme des vieux gamins….un papy joue une sorte de musique contemporaine avec un mécanisme fabriqué avec du meccano pour France Musique, une bande de trois fonctionnaires de la série radiophonique, plaisantent derrière leur console pour France Culture, Frédéric Lodéon est comme un sale gosse dans sa chambre mal rangée, planqué derrière des piles de CD classiques, pendant que des serveurs s’agitent dans les couloirs, avec les charriots de petits quatre heures et de bouteilles d’eau…comme en maison de retraite...
La France figée du service public…on n’est pas à Al Jazeera ou à Canal, ça n’a pas l’air de s’agiter beaucoup….une radio pour les vieux fabriquée par des vieux….et la jeunesse la dedans ? Certes, Médiamétrie répondrait que la radio est essentiellement écoutée par les personnes âgées....ça pourrait paraitre logique, mais est-ce une raison pour faire de la radio un média poussiéreux, car les programmes déterminent aussi la cible ? Pas trop étonnant que les français ne voient pas le pays tel qu'il est...
Il y aurait pourtant tant de choses nouvelles à faire, sans tomber dans une interactivité à la RMC avec le numérique, en prenant le risque de sortir systématiquement (on comprend, ils sont bien, là au chaud, entre eux), d’utiliser les citoyens, dont les nouvelles générations savent tous plus ou moins monter eux même une bande son…bref, la Maison de la Radio, c’est comme le bâtiment, ça tourne en rond, sur soi, en ayant occulté les plus jeunes auditeurs….jusqu’à quand ? Vivement la retraite de Radio France…