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santé

  • Vieillir, une sale affaire

     

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    Publicité pour une prévoyance Dépendance

    Un businessman anglais déclarait dans le Guardian en début de semaine, qu’il ne souhaitait plus se soigner au-delà de 75 ans, âge où statistiquement, on rentre de manière importante dans le déclin physique ou mental, afin de ne pas prolonger longtemps une vie profondément dégradée.
    Au-delà des aspects économiques (le cout croissant pour la société de la médicalisation des plus vieux, alors que nos systèmes de santé sont déjà à la ramasse) et politiques (Le Temps de Genève s’inquiète ce matin d’une entrée durable dans la récession et de la fin de la croissance de tous les pays occidentaux, liée essentiellement au vieillissement de la population – selon l’INSEE, un parisien sur 4 par exemple, aura plus de 60 ans en 2030, et environ 18 % de ces séniors auront plus de 75 ans- avec beaucoup trop d’épargne qui freine l’économie et et une masse d’inactifs qui pèse sur les actifs), on peut aussi s’inquiéter de choses beaucoup plus terre à terre.

    Ma mère (92 ans) est en EHPAD depuis peu, pour des raisons de dépendance physique, ayant du mal à se mouvoir, ne pouvant plus se faire la cuisine, se laver seule, aller sans aide aux toilettes ou se lever de son lit, etc…du coup, son état s’est amélioré, car elle est en sécurité depuis qu’elle est placée, et elle est mieux suivie médicalement qu’en foyer logement, où elle était préalablement, avec des services de proximité qui peinaient à se coordonner et une structure faite pour « des biens portants »…mais problème, oui problème, elle a toute sa tête…
    Ayant pris soin depuis vingt ans de souscrire une assurance dépendance (y compris partielle), un médecin expert a été adressé par la compagnie de prévoyance (assoiffée de documents médicaux pour rendre son verdict, ce qui n'est pas conforme à la légalité sur le secret médical), afin de l’examiner et pour accorder ou pas la précieuse indemnité, qui visiblement n’est reconnue que si on cumule  difficultés mentales et physiques…j’ai assisté à cet entretien hier, le pauvre toubib était un peu catastrophé, ma mère ayant pratiquement 20/20 aux tests cognitifs (Madame, vous savez qui est Premier Ministre ? Ben Valls, avant c’était Ayrault…vous savez quel jour et quel mois on est ?...on n’est pas encore en été, on est en juin 2015, le 10 ou le 11 je crois, un mercredi….ah là là, faisait le toubib de plus en plus dépité, s'inquiétant probablement sur la manière dont il allait rédiger son rapport…et vous savez où on est ?...ben évidemment, répondait ma mère poursuivant ainsi un questionnaire qui signerait probablement le refus par les assureurs de l’aider, le contrat étant terriblement flou, renvoyant à des définitions peu transparentes (c’est quoi la dépendance et la perte d’autonomie ?)…La grille AGGIR est en effet sur bien des points à géométrie variable, étant peu précise en dehors des extrêmes.

    Je passe sur l’isolement vécu par ces personnes pour l’essentiel de leurs journées (les familles visitant en moyenne 3 à 4 fois par semaine leurs ainés d’après les stats, ce qui n’est pas si mal), pointé par de nombreux gériatres et jeunes doctorants, les syndromes démentiels sévères associés aux Alzheimer touchant environ 80 % des sujets présents dans ces hébergements, qui sont faits pour des gens qui attendent le dernier moment pour venir en EHPAD, qui remplacent nos maisons de retraite d’antan, qui n’ont plus grand-chose à voir avec « les vieux de la vieille »…il y a bien des activités, mais elles sont en lien avec la population (« je ne vais pas aller jouer aux dominos avec des gens qui ne reconnaissent pas les pièces ou tripoter des lapins* », comme on le propose à peu près partout dans ce genre de maison, me dit ma mère)…

    Reste la télévision ? Sauf que les programmes ne sont plus en rapport avec le grand âge, même Drucker n’invite plus que des inconnus, pour quelqu’un né autour des années 20…les repas ? Même avec un diététicien dans l’établissement, la bouffe collective est faite de contraintes  et ne ressemble plus obligatoirement  aux désirs d’une femme qui a grandi dans le 1er port de pêche « ils nous font du  poisson presque tous les jours, j’en veux pas, il n’est pas frais à Paris », et à quoi bon un diététicien quand on finit par se nourrir qu’avec des gâteaux, pour en finir plus vite…(il faut lire la littérature de technocrate avec "codages", sur le sujet dans le rapport sur Pathos du Gouvernement sur la mal nutrition en EHPAD, ça vaut son pesant et je doute fort de son appropriation par le personnel, y compris par les médecins ...)

    Bref, il a probablement raison notre homme d’affaire, même si je pense qu’on n’est pas tous égaux devant la vieillesse, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire pour nous faire rentrer dans une bonne norme collective (ça simplifie , ça rassure et cela permet de passer à autre chose)…. Un grand plan existe sur le plan politique, mais quel décalage entre ce plan et la réalité, il faudrait pour atteindre les objectifs des moyens considérables ou 5% de croissance, car il faut voir d'où on part, cela me parait complètement irréaliste  !!!!

    Vieillir, une sale affaire en Europe pour la société plombée par cette pyramide des âges, et pour les individus,  vu qu’on répond, par pragmatisme, comme dans beaucoup de domaines, à des produits calés sur des moyennes…en fait, mieux vaut perdre la raison, ne plus se soigner ou légaliser l’euthanasie pour qui le demande …

    * Pour les malades Alzheimer (et du coup, pour les autres s'ils le souhaitent, vu que des mélanges de résidents en atelier s'opèrent par manque de personnel), l'animal représente, selon les spécialistes, une source permanente d'échanges: caresses, paroles, ou possibilité d'en discuter avec son entourage. On va jusqu'à évoquer sur le portail du Gouvernement sur ce sujet, le terme de Thérapie Assistée par l'Animal...pas très heureux de mon point de vue !