Le film Mammuth fait l’objet de critiques sur de plan d’une certaine vision cynique, considéré par certains comme un film très bourgeois, se gaussant de la condition prolétarienne. Pourtant, même si je trouve que le film n’est pas parfait, en particulier dans la dernière heure, je lui reconnais un grande valeur universelle.
Je viens de prendre ma retraite il y a trois mois, cadre dans une multinationale, à priori rien à voir avec notre personnage qui est un prolétaire dans le film et qui a collectionné les petits boulots…pourtant, avant de quitter l’entreprise, j’ai rencontré la DRH puis j’ai eu un pot d’adieu, organisé par la direction. Tous les dirigeants m’ont dit que j’avais bien de la chance, qu'ils voudraient être à ma place…eh bien, tous ces dirigeants ont été virés le mois dernier, pratiquement du jour au lendemain pour insuffisance de résultats, RH comprise (plan social trop coûteux)…n’est ce pas aussi violent que le film…et aussi surréaliste....
Le discours de mon pot fut à base de PowerPoint, genre présentation client, question de routine qui en dit long sur nos conditionnements informatiques...
Il y a moins de différence qu'hier entre les ingénieurs d'aujourd'hui et les ouvriers, leur culture est la même : tous vont voir Avatar, Camping 2, lisent Gavalda, Nothon, Levy et leur journal du matin se limite à Vingt Minutes....c'est d'ailleurs bien le problème...
Autre exemple : dans Mammuth, Depardieu ex boucher achetant un jambon dans un supermarché, veut parler de la viande en « professionnel » avec le marchand, qui lui, s’en moque complètement et fait ce boulot comme s’il faisait n’importe quel job…moi-même, aujourd’hui, j’ai tendance à râler sur l’incompétence ambiante…mais le manque de motivation, d’amour du travail bien fait qui semble bien répandu, n’est pas seulement présent chez les ouvriers…les gens, quelque soit leur niveau, sont préoccupés par leur CDD, par leurs traites, par l'avenir de leur gosse , etc…et ils ont la tête ailleurs....la flexibilité a ses revers...
On est tous face à une grande solitude….et tous vivons tous dans un univers à la Mammuth, cadre, ouvriers, employés ou dirigeants…tous égaux devant le grand vide existentiel de notre pauvre société bien malade….certes, nos ressources ne sont pas toutes les mêmes, enfin, pour l'instant avant de finir "à la grecque"....