Marcel Gauchet, philosophe et enseignant à l’EHESS réfléchit autour de la crise et des manifestations autour de la retraite. Il dit, à mon avis, des choses très justes, sur l’abandon du collectif au profit de la mise en avant de l’individualisme et le repli massif sur les valeurs du privé. Or, la réforme des retraites crée une inquiétude, du fait de son système qui est collectif. Tout le monde sait que la société tend vers toujours plus de libéralisme et le souhaite au nom de la liberté, mais en même temps voudrait bénéficier (sans vouloir trop le financer) de nos systèmes collectifs, d’où le dilemme et le malaise. Les retraités ont peur de ne plus être payés de leur pension à terme, les quinquas ont peur de ne pas pouvoir en profiter, tout au moins assez tôt, les plus jeunes sont dans le potage le plus indigeste qui soit. On voudrait un système éducatif plus performant, mais on ne veut pas payer comme les anglais + 7000 euros par année d’université.
Par ailleurs Marcel Gauchet voit dans cette crise, la mise en évidence du déficit d’alternative et de perspectives crédibles de la part de la gauche. Quant à la gauche plus radicale, pour lui, elle sert de moyen de protestation, mais personne ne croirait à son avènement, sachant que Marcel Gauchet demeure très prudent dans ses affirmations, ce qui me parait sage.
Je pense pour ma part, que la crise reflète également une grande peur du changement : chacun sait qu’il faut aller vers une société plus propre, plus écologique, voire que les ressources vont venir à manquer, mais tout le monde a peur d’une société sans voiture (l’alternative électrique ne pouvant être à terme qu’une partie du remplacement de l’énergie du pétrole), on est contre les fumées polluantes des usines…mais que faire de ses ouvriers et comment rester indépendant dans un monde menaçant, on sait que l’informatique va être de plus en plus présente, mais on redoute Big Brother…bref, on vit une période de grand trouble et de grande incertitude (ça on le savait, merci lelazor)…
Cela me rappelle Debussy et son prélude à l’après midi pour un grand faune….un musicologue disait que cette partition ressemblait à l’émergence de nouveaux projets, ca commence tout doux, puis c’est un peu dans la cacophonie, ca part un peu dans tous les sens, pour se reconstruire ensuite autour du thème principal et ca donne un chef d’œuvre….un peu de positif ne nuit pas, non …