Dans un sondage paru ce dernier WE dans le supplément hebdomadaire d’un grand quotidien national de droite, on demandait à des français qui incarnait le mieux pour eux la France….Charles de Gaulle était presque toujours cité, bien avant Napoléon, Jeanne d’Arc ou Pasteur…

Dans le dernier prix Goncourt, Alexis Jenni fait un portrait assez original du « grand homme » dans son livre « L’art français de la guerre », qu’il est intéressant de mettre en perspective du sondage :

«  En 58, le Romancier revint à la tête de l’Etat// Mais lui qui revint à la tête de l’Etat ne dirigea jamais aucune guerre, n’afficha jamais aucune maitresse et ne trouva aucun prince à qui obéir. Il est étrange de penser qu’en cette place faite pour un prince, on installa un militaire. Il est étrange qu’on se vouât à un militaire qui ne combattait pas, dont la seule flamboyance était verbale, qui se construisit lui-même par un extraordinaire génie littéraire//Son œuvre était surtout dans ses discours comme autant de pièces de théâtre, dans ses allocutions comme autant d’oracles, et dans l’extraordinaire fourmillement des anecdotes que l’on rapporte, dont la plupart sont apocryphes car il n’aurait jamais eu le temps de toutes les dire, mais elles font aussi partie de l’œuvre//L’esprit des Français constitua l’œuvre du romancier : il les réécrivit, les Français furent son grand roman. On le lit encore//Il avait déjà écrit le premier tome : on le chargea d’écrire la suite//La réalité sera faite toute entière  de ce qu’il aura dit ; ce qu’il n’a pas dit n’existera pas, ce qu’il suggéra à mi mots sera. La puissance narrative de cet homme était admirable. On lui prêta l’omnipotence du verbe créateur, on eut avec lui de ces rapports peu connus qu’entretiennent les personnages d’un roman avec leur écrivain…. »

Cela vous laisse pensif ? J’espère….