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Objectif, mon amour

Je voudrais témoigner modestement de mes relations passées avec une grande entreprise automobile : Renault, profitant des vacances pour rapporter ma vision des fleurons de notre économie.

J’ai connu la R.N.U.R. par l’intermédiaire de la formation. Dans le monde de la formation professionnelle, Renault était la grande référence avant 2000. Les relations humaines et le développement des compétences tenaient une grande place, à la Régie, et dans les colloques spécialisés, les manifestations professionnelles, on rencontrait toujours des cadres Renault pour présenter une solution innovante en multimédia ou relater un retour d’expérience original en formation professionnelle.

 

En effet, après les événements de 68, la promotion interne des moins qualifiés était largement privilégiée. J’avais pour construire un kit d’accueil des nouveaux embauchés, rencontré en 1995, de nombreux acheteurs Quai Le Gallo, à Boulogne Billancourt (il y en avait près de 1000), qui étaient d’anciens ouvriers qualifiés, devenus cadres et responsables des achats d’un composant automobile ; d’un service ou de machines et outillages. Ces professionnels étaient des experts en leur domaine. Le type qui s’occupait des roulements à bille était le spécialiste français du secteur. Il connaissait tous les fournisseurs possibles, en France ou en proche Europe, savait causer technique et visitait de manière régulière les usines des sous traitants. Certes, on pouvait douter parfois des attributions de marché, les rapports pouvant être jugés trop proches entre certains patrons de PME et acheteurs…on faisait régulièrement de bonnes bouffes et il n’était pas rare à Noél, qu’un colis de petites bouteilles soit adressé au correspondant Renault. ..mais à l’époque, les échanges interpersonnels et la proximité étaient considérés comme majeurs.

 

Quelques années avant 2000, changement de cap….le logiciel intégré allemand SAP était installé chez Renault, les acheteurs quinqua, un peu bedonnant, jugés has been, furent remerciés et mis en retraite anticipée et on embaucha de jeunes diplômés, vissés à leurs écrans, introduisant le marketing achat enseigné à l’université de Bordeaux…on fit un grand nettoyage du panel des fournisseurs, on passa en organisation projets, les jeunes loups appliquèrent à la lettre, les normes d’une charte rédigée par des pairs et on mena la vie dure aux sous traitants, considérés comme des centres de coûts, qu’il fallait manager à coups de triques. Les achats furent mondialisés. On passait des achats par des experts techniques aux achats par des experts financiers. Pour la technique, on n’avait qu’à se fier aux normes Qualité de l’automobile. Puis cette politique fut généralisée. On mis la clé sous la porte d’usines en France pour décentraliser la production. C’est que la concurrence est rude dans l’automobile et que les clients ne font pas de cadeau. Pour les cols blancs, on quitta Boulogne pour le Technocentre. Cela ne rigolait plus. Les objectifs étaient quantifiés et chacun à son poste commençât à avoir la peur au ventre chaque matin. Il était loin le temps des journées au vert à faire de la montgolfière ou du karting avec le patron du service pour motiver les troupes. Sur les chaînes qui restaient encore sur le territoire, on externalisat et on mit des jeunes ingénieurs consultants, souvent d’origine étrangère, recrutés à l’extérieur, au prix d’une technicien, pour surveiller les lignes de production. En 2007, sous la pression probable des politiques, la Direction allât même jusqu’à faire à nouveau du grand nettoyage. On supprimait tous les budgets de recherche qui n’étaient pas assez novateurs, qui au dire de la Direction, ne faisaient qu’entretenir des cadres, un peu trop pépères, ronflant dans leur domaine (par exemple, les airs bag, les systèmes de freins) et on se mit avec grande difficulté, en quête de compétences nouvelles en lithium, nouvelles énergies, etc…

 

Aujourd’hui, le baladeur vissé sur les oreilles, on travaille parfois tard le soir jusqu’à la déprime, devant son écran, à modéliser en 3D de nouvelles esquisses…chacun dans son coin, ne voulant pas perdre une minute du précieux temps qui coure, pou tenir les redoutables engagements de délai et les précieux objectifs.

 

Les ingénieurs qui ont mis au point la 4 CV l’ont-ils fait le trouillomètre à zéro, avec des rapports hiérarchiques d’une grande violence ? Peut-on sortir le véhicule de demain dans des conditions extrêmes de stress? Peut-on fabriquer dignement avec des humains considérés seulement comme des variables d’ajustement ? Peut-on tenir un partenariat sérieux avec des fournisseurs pressés comme des citrons ? Et peut-on faire supporter par un large réseau de concessionnaires et d’agents une baisse des ventes face à la crise et face à des conducteurs toujours avides de remises ?

 

J’aimerai savoir ce qu’en pense le Ministre du Redressement Productif et comment il pense sortir de ces doubles contraintes…


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