Ce matin, sur France Culture, les invités ont débattu autour de l’érosion de la confiance des français envers les politiques, les élites, les médias. Marc Voinchet résumait la chose de manière un peu méprisante avec la formule « les élites veulent l’émancipation et le peuple veut de la protection ».
La synthèse est un peu limite, un peu trop facile, mais elle contient néanmoins, une idée à la mode chez nos dirigeants, poussée par notre génération, à savoir la recherche de l’émancipation, avec en plus, en France, une sorte de consensus autour de l’intégration, de l’éducation égalitaire, de la diffusion de la culture. Notre société, je pense, est trop hétérogène, pour qu’une réponse de ce type fonctionne. En Suisse, nos voisins remettent depuis longtemps en question l’objectif européen d’unicité, développant l'idée d'un nécessaire patchwork entre les états, répétant, par exemple, qu’il faut que les anglais restent dans l’UE, mais qu’on respecte aussi leur particularité, sans essayer comme semble le vouloir Hollande, représentant une tradition socialiste en cours depuis Delors, de mettre tout le monde au même diapason, avec des stratégies plus ou moins tordues (y compris en essayant d'entrainer l'U.E. dans une guerre au terrorisme).
Mon fils me montrait ce WE le DVD du film « Détachment », un excellent film sur l’enseignement en milieu défavorisé aux U.S., montrant sans ménagement des profs bousculés, chahutés, violentés par leurs élèves. Télérama (tout comme Libération), lors de la sortie de ce film peu diffusé en France fin 2011, avait critiqué assez durement le scénario sombre, pas assez positif, préférant le (très critiquable selon moi) « Entre les murs » du franchouillard Bégaudeau. Pourtant, ce film soulève une question que nos gouvernants devraient bien prendre en compte, quand on voit des profs refuser un changement du rythme scolaire, qu’est le climat souvent insupportable régnant dans de nombreuses salles de classe, faisant que les profs finissent par avoir surtout envie de ne plus faire leur boulot dans de telles conditions, avec des programmes totalement inadaptés à certaines couches de la population...et qu'on ne me dise pas qu'il faut respecter l'égalité des chances, dans une banlieue comme Montreuil, les bobos de gauche mettent depuis longtemps leurs gosses à Vincennes ou à Paris.
On ne peut pas émanciper de force des individus, dans une sorte de mouvement post Bourdieu, en imaginant niveler les classes par la culture, dans un grand rêve bisounours…ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire, mais arrêtons cette course débile à l’égalité, qui font que plus personne ne se sent représenter dans notre République.