Le Monde, évoquant les inégalités scolaires, rappelle les conclusions d’une thèse réalisée par Annie Da-Costa Lasne portant sur la réussite scolaire des enfants d’enseignants, bien meilleure que pour le reste de la population. Les documents analysent à l’aide de données chiffrées, les causes possibles de cette meilleure performance : plus de motivation des enfants, les parents connaissant bien le système et sachant y nager, maitrisant codes et règles, sachant trouver les meilleures aides, auprès de leurs collègues, dans la maison Educ Nat ou à l’extérieur, pouvant plus facilement que les autres parents partager des moments de travail avec leurs enfants (l’un corrige les copies, tout en surveillant le bambin qui fait ses devoirs), organisant leur emploi du temps pour mener les rejetons faire de la musique, du théâtre, aller voir des expos, etc…, pouvant dialoguer plus facilement que les autres avec la communauté éducative, etc, etc….
On peut facilement aller plus loin, en imaginant sans grand risque de se tromper, que cette spécificité éducative est aussi profonde, y compris dans les valeurs véhiculées (en général de gauche : méritocratie, sens de l’effort, sens du partage, goût pour les arts, les livres, une certaine forme de tradition laïque républicaine), transmettant aussi assez tôt une sorte de méfiance pour l’entreprenariat, l’argent, le risque, les médias numériques. En terme d'avenir et d'orientation, la fonction publique semble plus naturellement adaptée pour offrir une carrière « digne » et "stable" aux descendants des enseignants. La thèse n’évoque pas non plus les « ratées », liées à des parents trop élitistes (souvent des agrégés), finissant par brimer l’enfant en lui faisant ressentir quelque chose de l'ordre du mépris, si ce dernier n'a pas le niveau attendu et espéré.
Il serait intéressant d’étudier les carrières et les parcours des enfants d’enseignants, leur engagement associatif et politique.
En tous cas, cela confirme une fois de plus, une observation souvent constatée en sociologie : on est modelé par une « caste », qui travaille d’abord pour elle et pour sa descendance…on peut le déplorer, mais finalement c’est assez naturel, on ne peut même pas trouver cela injuste…ce qui est plus gênant, c’est une certaine forme de mauvaise foi de beaucoup de ces dits enseignants, qui veulent continuer de nous faire croire que leur mission est en priorité humaniste.