Vu de manière isolée, comme reproduit sur un mug par exemple, un graphisme de Keith Haring peut paraitre simpliste ou naïf…c’est tout l’intérêt de cette rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris, visible jusqu’au 18 aout 2013, que de nous retracer l’histoire de ce jeune américain mort du sida à 32 ans, et de nous prouver le contraire.
Keith fut surtout un artiste contestataire, s’opposant à toutes les manipulations de masse, de la télévision à la publicité, en passant par la religion, l’armée, le capitalisme dans ce qu’il a de plus oppresseur. Il n’hésitait pas à comparer tout type de leader, qu’il soit politique, grand patron ou autre super chef, à une singe qui manipulait d’autres êtres, devenant eux même des bêtes, aux ordres d’un espèce de mickey dictateur.
On retrouve ce thème tout au long de son œuvre, qu'il opposait à l’art sophistiqué et un peu snob des musées et qu’il réalisait dans la rue, le métro, sous forme de tag ou de graffiti, sur des bâches, des plaques de tôle ou tout autre matériau qu’il choisissait comme toile de fond, avec des dessins effectués à la bombe aérosol, au pinceau à l’encre sumi (encre de calligraphie japonaise), l’encre vinylique (pour sérigraphie) ou tout simplement à l’acrylique. Certains de ses œuvres utilisaient la technique du marouflage (le graphisme est préparé sur papier, puis collé sur un mur ou un panneau de bois, ce qui permet d’afficher rapidement de grands motifs dans les rues, sur des immeubles ou dans des lieux interdits).
Homosexuel, à une époque où cette forme de sexualité était regardée encore de travers, il prenait parti, à travers des graphismes très épurés, pour toutes les causes où l’homme devenait un loup pour les autres hommes, comme le racisme, l'apratheid, l’emploi de l’arme nucléaire, la destruction de la planète avec des produits nocifs ou polluants.
Atteint du sida, à la fin des années 80, et alors que la maladie était encore mal connue (et stigmatisée), il réalise ses dernières œuvres sachant qu'il va quitter cette terre, n’hésitant pas à peindre la mort, un pot de fleurs fanées, voire ce tableau inachevé très émouvant, qui clôture l’exposition.
Passionnant....et en plus, cette expo donne la pêche....il y avait un tel besoin de vie chez Keith Haring que cela se ressent encore aujourd'hui...
"Keith Haring, The Message" la bande-annonce par ARTECreative
A noter : compte tenu de son type de travail destiné à un large public, il est possible de photographier à l'intérieur