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La limitation des salaires

La Suisse est en émoi, avec une fois de plus,  le vote d’initiative populaire, cette pratique qui consiste à demander un référendum pour faire passer ce qu’on n’arrive pas à faire passer par la négociation. Cette pratique, à priori hyper démocratique, qui remplace nos manifs et nos affrontements, prouve néanmoins ses limites, à savoir qu'elle a pour conséquences, soit de radicaliser le pays vers des positions extrêmes en matière d’immigration par exemple, soit de faire passer des mesures populaires, voire populistes, comme  actuellement, les jeunes socialistes et certains syndicats, qui remettent sur le tapis une loi sur le 1-12, c'est-à-dire l’impossibilité d’avoir un haut revenu supérieur à 12 fois celui du plus faible, dans une même entreprise. Il est intéressant de s’arrêter un peu sur ce projet de loi, qui parait pourtant juste, peu excessif  et attrayant. Voyons quelques arguments utilisés par les opposants :

- d'abord, on risque d’encourager les parts variables pour les hauts revenus, ce qui serait une manière de contourner l’obstacle et de fragiliser les plus faibles, qui pourraient aussi se retrouver avec des salaires à part variable. Du coup, les socialistes veulent imposer un salaire minimum à 4000 CHF (3200 € mensuels)....on imagine la tête des patrons....cela permet d'ailleurs de mesurer nos écarts en matière de revenus médians.
- ensuite, les suisses qui voient de nombreux français frapper à leur porte pour placer leurs économies depuis l’arrivée de Hollande, ont peur que la maladie de fuite des hauts revenus ne gagne à son tour le pays du fromage. Dans des gros laboratoires suisses, de grandes banques ou chez un certain géant de l’agro-alimentaire, c’est que l’écart dépasse largement 1 à 100, voire 1 à 200. Car ce ne sont pas dans les PME que le problème se pose le plus, où les écarts sont souvent inférieurs au ratio 1/12, mais dans les grandes multinationales, et là, on connait une certaine facilité de ces dirigeants à contourner les lois, en créant des sociétés écrans dans des paradis fiscaux, quelque soit le pays, ou à faire du chantage à la fermeture d’établissement (ou de siège social).
- et puis, il y a le manque à gagner sur le plan des assurances sociales et sur le  plan fiscal, qui se reporterait sur des hausses d’impôts des salaires moyens (tiens, on connait ça) et se traduirait par des baisses de prestations sociales.

Ah, dur, dur la démocratie…comme quoi, ce n’est pas si facile de bouger les choses. On sent bien que la mondialisation et l'informatique, qui permet d'accélérer les échanges, la bourse, les médias, les comparatifs entre pays, ne sont pas faciles à aborder et à réguler, quelque soit la culture de l'état concerné, qui du coup, se fragilise avec des maillons qui semblaient des atouts  (la démocratie semblait un bel exemple à suivre, pour la Suisse, qui pourrait bien être très déstabilisée par ses votations extrémistes à terme, tout comme notre modèle social un peu trop rigide, qui devient un point faible en France). Il en est de même avec les multinationales, qui sont toujours celles qui sont à la fois, les plus belles vitrines d'un pays, mais aussi les lieux les plus inégalitaires, quelque soit la nation d'origine....du coup, les extrémistes de tous bords (gauche et droite) pèsent de tout leur poids et menacent un équilibre déjà difficile à trouver...

 

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