Cahuzac évoquait lors de son pardon télévisé « la part d’ombre », expression qui avait déjà été employé à propos de Mitterrand et de ses faces cachés.
Tout politique, voir tout homme, a sa part d’ombre. Quand Aubry s’énerve après certains dirigeants du PS se laissant aller à des insultes, tout comme quand elle peste contre le trop grand nombre de pauvres dans sa région, elle révèle sa part d’ombre…Un homme politique a toujours fait un parcours hors du commun, tant il faut d’énergie et d’abnégation pour s’élever aux plus hautes fonctions de la République. Il faut faire bonne figure en toutes circonstances, être disponible souvent 24 H sur 24, faire semblant de s’intéresser à tout, supporter les calomnies, être souriant avec les journalistes, y compris les plus médiocres, sinon c’est la chute, Mélenchon ou Voynet en savent quelque chose.
Ces députés, ministres, maires de grandes villes sont souvent les clés de voute de tout un système, ayant un regard sur les finances de leur région ou de leur portefeuille, les entreprises qui en dépendent, les investissements, étant tenus responsables des accidents, des taux de chômage, voire de la pluie et du beau temps. A l’évidence, ces gens qui sont toujours à croc, qui ont souvent parcourus des milliers de kilomètres, qui sont acclamés, haïs, sifflés, photographiés à quasi chaque instant, devant qui souvent certaines femmes sont prêtes à s’agenouiller pour honorer le Monarque afin de jouir de quelque faveur et derrière qui, une meute est toujours prête à faire tomber la bête, ces gens donc ne sont pas des hommes normaux.
Alors, on peut imaginer et assez facilement comprendre qu’au fond d’eux même, ils puissent avoir un certain mépris pour le péquin qui hurle au loup derrière la barrière, péquin dont la vie est souvent plate et morne à en crever, parfois incapable de s’assumer lui-même, tant son regard ne porte pas plus loin que le bout de son village. Pourtant, c’est de ce péquin là que dépend le résultat électoral qui verra ou pas se poursuivre le destin historique de notre personnage politique. Parfois, le vernis craque derrière le beau costume, et l'élu révèle sa part d'ombre, comme Aubry, encore elle, qui poussait ses collaborateurs à travailler 12 heures par jour, pas comme "ses fainéants de cadres de privé" pour qui, elle avait obtenu les 35 heures.
Du coup, l’égalité tant clamée par nos hommes de gauche et parfois de droite, n’est qu’un leurre, pour ces élus qui sont toujours prêts à passer outre, par un coup de téléphone à une relation de leur immense réseau, afin d’échapper à tel ou tel contrôle ou pour faire agir tel ou tel réseau d’influence, idem pour leur rémunération réelle, qui leur permet d’avoir un train de vie bien plus exceptionnel que les petites gens de la moyenne du peuple. Je pense à ce sujet, que s’il n’y avait pas eu les américains, DSK aurait poursuivi tranquillement son ascension, car notre pays, qui se proclame terre des droits de l’homme, fille des valeurs de la Révolution française, n’est souvent en fait qu’un écheveau complexe de complicités, de passe droits, de magouilles indescriptibles. C’est l’un des aspects qui fait que le socialisme à la française n’a plus grande crédibilité pour le plus grand nombre et ce n'est pas ce perverse de Plesnel qui sauvera le soldat Hollande. Si on ajoute à cela la trop grande part qui est faite à la politique des petits rien, on peut à mon avis, imaginer assez facilement que le socialisme tout comme l’UMP d'ailleurs, vivent leurs derniers soubresauts et que nos pratiques franchouillardes de la chose, sont bien condamnées à mourir, à plus ou moins brève échéance….quand la plupart des guignols de ma génération, qui ont une vision arrêtée, idéalisée et étroite de la politique, auront définitivement tourné la page et auront emporté dans leur tombe, leur utopie de la "vraie gauche".