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Eden - le film de Mia Hansen Love

 

C’est un film d’histoire….histoire d’un DJ qui va se professionnaliser, histoire aussi d’une génération avec ses rêves, ses espoirs, ses galères, ses désillusions, ses soirées techno, histoire universelle également, avec ses hauts et ses bas…

 Paul, qui d’après le dossier de presse serait une sorte de double du frère de la réalisatrice Mia Hansen Love, qui n’en est pas à son coup d’essai pour raconter des vies tumultueuses dans le milieu artistique (« le père de mes enfants » racontait la vie d’un producteur indépendant qui se retrouvait au bout du rouleau, allant jusqu'au suicide, s'inspirant de la vie d'Humbert Balsan, qui a produit plusieurs chefs d'œuvres, dont un très grand film oublié sur Rembrandt, un autre artiste maudit), mixe avec brio du « garage », un genre de musique électro à 130 BPM, venu de UK, assez en vogue au début des années 90, une forme qui d'après les spécialistes, mélangeait syncope (perturbation du flux régulier d'un rythme 4x4, d'où le nom) et polyrythmie (utilisation simultanée de rythmes mis en conflit). Pour moi, c'est surtout une sorte de house, bien fournie en intra basses...

On enchaine les soirées en toutes sortes de lieux plus ou moins autorisés, on lâche petit à petit les études, on se shoote pour tenir la forme toute la nuit, on pénètre un certain milieu artistique qui a ses attraits, avec interview sur les fréquences d'jeun, et on s’éclate même en se faisant inviter à animer des concerts, à New York ou à Chicago, dans des endroits assez prestigieux…sur le plan copine, cela se passe aussi plutôt bien, le succès et le prestige, ça aide, bref, c’est le pied…même si le suicide d’un ami qui a du mal à émerger dans la BD sonne comme un premier coup de semonce….

Et puis, vient la seconde partie du film, bien plus sombre de mon point de vue…avec l'audience, le commerce s’en mêle, les agents et les financiers font les comptes, il faut investir pour se renouveler au début des années 2000 , se mettre à jour pour maintenir le public est une nécessité, car ce dernier est plus exigeant, préférant des mélodies plus jazzy, musicalement plus élaborées ou des choses plus fashion.... il ne faut plus faire la fine bouche sur le type de spectacle, car il faut rentrer du fric, la banque aussi à ses devoirs. La désillusion a lieu petit à petit…les amies se casent, font des enfants, trouvent un bon boulot, mais pour les DJ des "Cheers",  les dettes s'accumulent au point de plus vouloir en connaitre le montant, la solitude et la déprime menacent, et la drogue, à force, ça ronge…

Hansen Love aborde un problème de fond, en matière de création, qui s'applique à toute création, y compris à la création d'une entreprise : au départ, il y a une idée qui rencontre un savoir faire, ici, un mélange de robot (rythmique) et de thème vocal, la note humaine et sensible, ...cela plait au public, c'est le début d'une certaine forme de croissance...mais avec le temps et avec la concurrence, la "clientèle" se détourne, est happée par autre chose...du coup, les créateurs essaient d'améliorer leur concept (ici, on fait appel à des voix un peu prestigieuses, qui coûtent chers), mais la partie est déjà perdue...c'est une dure réalité, que tout porteur de projet trouve sur son chemin et que l'on enseigne dans les écoles de commerce, avec courbe à l'appui sur le cycle de vie d'un nouveau produit. Dans le domaine de l'art, Rembrandt, évoqué ci-dessus, a connu la gloire à vingt ans, puis son style a vieilli, il est devenu trop cher, semblant passé de mode, et il a terminé sa vie bien tristement...

 C’est un film intéressant, tout en subtilité, qui se laisse bien regarder malgré ses deux heures vingt minutes…et puis, ils sont tellement attachants, ces jeunes acteurs (en particulier, Félix de Givry, le DJ, qui joue le rôle de Steven Hansen Love), même s’ils sont entourés dans les seconds rôles, par des comédiens plus avisés, comme Vincent Macaigne ou Laura Smet. A voir vite avant que cela ne disparaisse des écrans !

 

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