La semaine qui s’ouvre risque d’être très déterminante pour la Grèce…nous sommes en effet à un moment décisif, où d’un côté, on a l’Allemagne, mais également l’Eurogroupe ( avec son actuel Président Travailliste Néerlandais Jeroen Dijsselbloem) qui font pression pour que le Gouvernement Grec de Tsipras renonce à ses promesses de campagne et continue en gros l’austérité, engagée par les l’ancien Gouvernement désavoué dans les urnes (sinon, on coupe le robinet aux banques), et de l’autre, on a des ministres Gauche Radicale nouvellement élus , dont Panos Skourletis, ministre du Travail (il veut rétablir le salaire minimum à 751 €, renoncer aux mesures trop libérales sur le travail en matière de flexibilité, restaurer le repos hebdomadaire, réemployer des fonctionnaires, etc…), qui veulent aller jusqu’au bout de leurs engagements…
Visiblement, cela bouge beaucoup dans la péninsule, Ta Nea, journal centriste, rapportait ce matin le fait que les couches moyennes supérieures commençaient à ruer dans les brancards, hurlant au clientélisme (Varoufakis, ministre des Finances Syriza, veut faire payer encore un peu plus « ceux qui peuvent payer », les cadres, les commerçants, les professions libérales, etc…, en créant un nouvel impôt ou une nouvelle taxe)…
Couverture du journal populaire allemand Bild du28/02/15 : Nous disons NON aux milliards pour les grecs
Les plus riches ? La presse allemande conservatrice rapportait que depuis l’élection des Super Gauchos, environ 20 milliards d’euro auraient fui de Grèce, tandis qu’on estime à 80 milliards d’euros l’arriéré d’impôts impayés par les contribuables du pays…même en imposant des mesures draconiennes au sein de l’Administration fiscale, l’Histoire et l’expérience internationale (y compris en France) prouvent qu’on ne récupérera jamais beaucoup plus d’un milliard par an…
Alors ? ben alors, ça coince…la vieille croyance qui consiste à faire rêver les plus démunis pour se faire élire, sur le fait qu’on peut desserrer la ceinture en faisant payer les riches ne marche JAMAIS….
A moins, à moins, comme le souligne le Guardian, ce matin, de mettre en place un régime type Terreur…le journal tendance gauche démocrate anglais cite Nordahl Grieg, un communiste dur d’origine norvégienne, qui a justifié les innombrables crimes staliniens commis autour de 1937, argumentant sur le fait qu’il n’est pas possible d’installer un régime populaire alternatif sans installer une solide répression contre les opposants. Auteur d’un livre « La défaite », repris et adapté au théâtre par Bertolt Brecht « Les jours de la Commune » (étrangement quasi introuvable en France), qui s’inspire de la Commune de Paris, pour discourir autour de la nécessaire cruauté, la violence serait indispensable pour faire triompher la cause révolutionnaire : « "Si vous voulez la liberté,» dit un personnage de la pièce "vous devez d'abord supprimer les oppresseurs, et renoncer autant que nécessaire à des libertés pour atteindre cette finalité."…mais contrairement à Grieg, Brecht n’était pas un jusqu’au boutiste, Varlin, un humaniste, dans cette même tragédie, croit exactement le contraire, à savoir qu’il vaut mieux perdre avec dignité et renoncer, que de vouloir gagner à tous prix en utilisant le pouvoir exercé de manière autoritaire….
A suivre…en tous cas, je joins quelques graphes publiés par la presse allemande, rapportant des chiffres assez inquiétants sur les pays de l’Europe Orientale, qui prouvent vraiment que la Grèce, qui n’est pas la plus mal en point, n’a pas intérêt à faire boule de neige…
Revenu par habitant et par pays
Ratio d'endettement par habitant
Salaire moyen par pays
Commentaires
J'ai également hâte de savoir comment ce merdier va se terminer.
Mais si tu veux mon avis, je ne donne pas 6 mois de vie au gouvernement Tsipras.
"la vieille croyance qui consiste à faire rêver les plus démunis pour se faire élire, sur le fait qu’on peut desserrer la ceinture en faisant payer les riches ne marche JAMAIS…."
entièrement d'accord.
Je t'invite à ce sujet à lire la dernière note sur mon blog.
Cordialement, Loïc