Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La créature de Schäuble d'après Varoufakis

 

18375961_jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Schäuble est un marionnettiste et l’euro est sa créature….C’est Varoufakis qui le dit ce matin dans une longue interview donnée au quotidien allemand die Welt.  La relation entre ces deux personnages est passionnante, je la suis depuis le début, car elle est faite d’un mélange d’amour et de haine…Les deux ministres des Finances semblent s’admirer, même s’ils savent tous deux qu’ils sont souvent des contraires. Il y a quelque chose de paternel chez Schäuble avec Yanis, son cadet de presque vingt ans, qui a eu tour à tour recours à de nombreux registres relationnels avec le motard à la tête de chou, passant de l’autorité  aux  conseils amicaux, mélangeant pédagogie et colère, comme si le vieux briscard de la politique voulait aider le beau gosse à s’en sortir, dans son pays paradisiaque mais miséreux…il est fort probable  que l’allemand a aussi  tenté  de maitriser celui qui représente pour lui  un vrai danger, sentant surement chez le grec davantage de liberté et d’intelligence que chez les autres financiers (soumis à l'euro-ligion),  avec une énergie et une volonté susceptibles de casser son jouet.

Dans l’article, Varoufakis dit  qu’il ne s’est jamais ennuyé avec Schäuble, qui certes veut tout contrôler en Europe (et surtout les français), avec qui il rapporte avoir eu des conversations fascinantes, alors que tous ses autres collègues européens étaient dans le banal ou le politiquement correct.

L’Europe ressemble à un roman et à Métropolis de Fritz Lang, ce film expressionniste de 1927, dans lequel la symbolique religieuse est très présente…L’euro est comme la Maria du début du film, elle fut présentée aux peuples comme symbole d’unité et de lien entre les hommes, mais avec le temps, les dirigeants de la haute société, qui vivent dans le luxe et l’oisiveté,  créent un robot qui est le double de Maria, redoutable créature à qui il faut tout sacrifier, semant la discorde parmi les prolétaires et les citoyens marnant comme des bêtes pour satisfaire leurs besoins et leurs divertissements.

Je regardais hier un débat avec Jean Nouvel sur la Philharmonie de Paris, de juin 2015 au Pavillon de l’Arsenal…l’architecte rappelle à quel point il s’est senti dépossédé du projet par des politiques de gauche ou de droite  surtout préoccupés par l’exploitation du site pour leur image, confiant à des  technocrates un peu mégalos la supervision du chantier. Nouvel a bien senti qu’on cherchait chez lui toujours plus de créativité, quitte à lui faire baisser ses honoraires, tout en ne lui  faisant pas confiance pour tenir les couts et les délais, n’hésitant pas à modifier en cours de route le cahier des charges pour satisfaire leur égo, suivant l’air du temps et la pensée dominante… « donnez-nous les couleurs, nous on s’occupe du reste », lui a-t-on dit à la Maitrise d’Ouvrage…
Jean Nouvel raconte comment les contrats de service public sont de plus en plus des contrats de dupes, où des Hauts Fonctionnaires vendent au public peu regardant,  du social et de la démocratie (la Philharmonie doit être le symbole de l’art pour tous, quittant les beaux quartiers pour l’est parisien, avec la mise en avant d’ateliers ouverts aux enfants les plus défavorisés, avec des prix de place promotionnels, etc…), alors qu’on confie la supervision de l’ouvrage à des grandes entreprises européennes, qui utilisent de la sous-traitance venue généralement de l’est européen , qu’on fait bosser dans des conditions parfois illégales pour comprimer les budgets, tout en ayant peu de scrupules à faire des demandes somptuaires à des artisans en court-circuitant l’architecte, pour apparaitre comme la grande vitrine internationale de la France, quitte au final à multiplier les couts prévisionnels  par quatre (encore que dès le début, tout le petit monde savait que le budget affiché n’était pas tenable).

L’Euro dystopique, une fiction imaginaire organisée de telle façon qu’elle vire au cauchemar…pourtant Varoufakis (qui de son Ile d'Egine ne ressemble pas vraiment à un manant à la botte du Capital), qui se définit comme un euro-critique, espère encore qu’il est possible de le sauver…l’amour de la liberté viendra t-il à bout de l’entropie ?

Les commentaires sont fermés.