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A la recherche du temps perdu

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La France a changé, beaucoup changé....Il y a dix ans encore, quand tu étais en vacances, en déplacement, en WE, dans une ville un peu touristique, tu butinais d'une carte à l'autre affichée à l'entrée pour trouver où diner au restaurant, tu analysais soigneusement la police employée, les mots utilisés pour qualifier les plats, tu évaluais la façade, la propreté des lieux, tu jetais un oeil aux assiettes déjà servies en terrasse et aux clients que tu ne manquais pas de classer selon leur allure, afin de décider si tu allais pousser la porte pour offrir tes papilles à la cuisine de l'établissement.

Aujourd'hui, les gens s'en remettent à leur smartphone, moi le premier, marchant la tête baissée sur leur boussole magique, pour les diriger automatiquement vers la table recommandée et la mieux notée par des dizaines d'utilisateurs inconnus, dans une application dédiée à ce genre de service. Restons vigilant quand même, l'avis du plus grand nombre n'est pas parole d'évangile, car aujourd'hui, il suffit que le patron vous ait murmuré à l'oreille au moment de la commande que tout était fait maison, le nouveau sésame à la mode, et que le décor soit un peu écolo, pour que les Français grimpent au 7ème ciel et deviennent des petits Proust en 140 caractères.

De passage à Cabourg, on ne peut pas faire sans penser à Proust justement, en flânant devant le Grand Hotel qui trône majestueusement devant la plage.

Des panneaux sont disposés ça et là, avec des extraits d'oeuvres du grand asthmatique, évoquant toute une époque bien lointaine et la mythique maison où séjournait l'écrivain.

"Le soir les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre, duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l'ombre, s'écrasaient au vitrage, pour apercevoir lentement balancée dans des remous d'or, la vie luxueuse de ces gens aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges"

A part que c'est un brin cynique et que cela pourrait donc être contemporain, tout est passé : les riches ne sont plus là, ils ne font plus rêver personne, le cabillaud du jour avec son granité de concombre et son zeste d'orange est vendu 19 € au restau du Grand Hôtel, un prix banal pour péquin presque moyen et d'ailleurs, mon appli me dit que le Balbec, c'est le nom de cet endroit, est bien moins coté que la crêperie de la rue principale que le service laisse à désirer, que c'est surfait avec des madeleines pour attraper les gogols, et que les tables sont trop proches les unes des autres....Ah, Proust, elle est bien perdue ta recherche, tu sais, et si tu voyais ce que disent aujourd'hui les jeunes filles sur leur réseau social préféré, tu n'aurais pas fini de tousser...

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