I
ll faut aller voir les Misérables au cinéma. Filmé par Ladj Ly, un jeune réalisateur, qui s’est formé sur le tas, mais qui connait par cœur la banlieue du 93, le spectateur est immergé dans une réalité complexe, qui d’après ce que j’en connais, me semble très près de la vraie vie, avec ses clans, des Gitans qui vivent à part, aux Frères Musulmans ou l’Imam, qui font régner l’ordre, tout en convertissant tout ce qu’ils peuvent dans la Cité.Au passage, heureusement, d'une certaine manière, qu'ils sont là pour calmer des energies un peu trop à fleur de peau.
Personne n’est tout à fait propre, les flics souvent issus des mêmes quartiers ou du même milieu,savent qu’il faut composer avec les petits arrangements et fermer les yeux sur des petites magouilles, tout en tentant de ne pas perdre une certaine autorité. Les chefs de ce qui s’apparente à une tribu du bled, essaient eux aussi de garder le contrôle, avec une culture bien éloignée de la République…Car c’est bien là que se situe le fond du problème, dans ces quartiers, situés à moins de vingt bornes du périphérique, on est ailleurs, hors zone, loin de l’intégration, et il ne suffit pas de faire des beaux discours, il fait essayer de comprendre ce que c’est que d’être issu de la pauvreté, avec une hérédité qui vient généralement d’un autre pays que la France, là où les codes ne sont pas vraiment les mêmes que dans une assemblée de copropriétaires d’une zone tranquille en ville moyenne de Province.
Ladj Ly réussit ici un coup de maitre, il montre sans stéréotype et sans manichéisme l’étendue des problèmes, où tout peut s’enflammer à chaque instant.