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"Le monde après nous" au cinéma, un monde sans pitié, où il faut rester zen

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Dans « Le monde après nous », le jeune réalisateur né à Lyon, dont le père est tunisien (interprété par Jacques Nolot, qu’on ne voit plus beaucoup au cinéma, ex scénariste de plusieurs films de Téchiné), raconte une certaine jeunesse désenchantée, fauchée, vivant en colocation dans une piaule minable, obligé de faire des courses pour Deliveroo pour survivre, qui écrit le soir des nouvelles, puis un roman, pour simplement « se parler à lui-même », en rêvant de publier pour échapper à sa condition.

Dans ce monde sans pitié, qui nous ramène à un film culte de 1989, où l’on pensait encore que militer à gauche, pouvait permettre de donner un sens à son existence, Louda Ben Salah-Cazanas décrit, de manière encore plus sombre que Nicolas Mathieu, qui semble encore croire à l’engagement politique, la vie d’un transclasse, qui va se confronter aux bobos parisiens de l’édition pour tenter de témoigner de son vécu. Son attitude, qui peut paraître parfois désinvolte, me rappelle la « jeitinho » des brésiliens, un mécanisme social de contournement des normes, basé sur la séduction, pour obtenir des faveurs, employé par les classes populaires sud américaines….

Comment faire autrement, quand il faut jouer la motivation et l’empathie, pour plaire à un employeur, dont les méthodes de management reposent sur des pratiques sociales totalement hypocrites, afin de garder un job de merde payé trois francs six sous, ou pour essayer de se faire publier, face à des « intellectuels » qui se prennent pour des surdoués, seuls capables de sentir les besoins du marché des lecteurs, lecteurs pour lesquels ils éprouvent un profond mépris ?

Je me sens très proche de cette génération un peu larguée, apparaissant souvent comme un cynique aigri par l’âge et l’expérience….pourtant je la plains cette génération, à qui la nôtre laisse si peu de place, tout en lui laissant gérer dette et planète en surchauffe, comme cadeau d’héritage.

Le film de ce jeune trentenaire est néanmoins frais, dynamique, souvent cocasse et authentique…et puis, il se termine par « Les gens heureux » de William Sheller, dans le quartier du canal Saint Martin, un quartier cher à mon cœur….

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