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  • De Pialat aux intermittents

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    Le coffret Pialat Intégrale II reprend les débuts et les premiers films de Maurice Pialat, restés délicieusement actuels (et terriblement encore vrais aussi pour la douleur qu’ils expriment). Plein, plein de documents associés font de ce coffret un petit bijou de cinéma « social ». Ajouter à cela les 7 épisodes de la Maison des Bois feuilleton, commandé par l’Ortf en 1970, qui nous ramène à la vie à la campagne au début du siècle dernier, l’ « Amour à mort » sur la banlieue, « Drôle de bobine » tourné pour Olivetti, etc….
    Mélange d’acteurs avec des personnes du cru qui font de l’ « enfance nue », de « Passe ton bac d’abord » des docu-dramas très style « Strip tease ». De même, les nombreux plans séquences et la caméra posée sur la plage arrière d’une voiture à la fin de la « Gueule ouverte ». annoncent le style DV bien avant Cavalier (entre autres)
    Et puis les débuts montrent bien l’intérêt de la méthode Pialat : créer quelque chose avant de filmer, un événement comme un vrai repas, un mariage, ou encore faire inhumer le corps de sa mère. Il laisse à ses acteurs la voie libre et le temps de déconner, de boire, de rire, de pester et de pleurer peut être pour ne filmer qu’un ou deux plans à la fin du repas de la « Gueule ouverte » par exemple (et les faire disparaître ensuite du montage, alors que c’était la seule apparition du jeune Villeret). Prendre le temps de rentrer en contact avec des gens pour qu’ils se racontent comme la tendre scène de l’enfance nue où la mère adoptive narre sa (vraie) vie avec le papy, assise sur ses genoux.
    J’aime moins l’association ensuite avec Depardieu. On bascule déjà dans autre chose, plus traditionnel selon moi.
    Et puis cela a du devenir plus compliqué après pour Pialat, la prod avec le budget qu’il faut tenir (sa réputation dans ce domaine n’était pas trop bonne, il a d’ailleurs fait faillite) les acteurs plus connus, les équipes sûrement plus lourdes. Son cinéma devenait alors un produit commercial, il n’était sûrement plus fait pour Pialat.
    D’accord, je ne suis pas très objectif. Vingt ans après, mes pas ont croisé les traces du maître, de la jeunesse au bas montreuil avec patro et scoutisme à St André en passant par Olivetti (qui m’a également aidé à faire mes premiers films) ou au Pas de Calais que je connais assez bien, pour y avoir des origines. Et puis cette remarque sur le cinéma commercial, avec le stress du budget, la pression des acteurs qui veulent que leur image soit encore meilleure que leur prestation, elle est sortie de mon expérience. Comme disait Polanski, un réalisateur passe les ¾ de son temps à régler des problèmes de fric et le dernier quart à dire non (au producteur, aux acteurs, etc..). Alors salut !

    Le cinéma n’est pas un art comme la peinture, où l’on peut faire et défaire à loisirs, les enjeux financiers sont trop lourds, on est plutôt dans la gestion de projet. Les américains et les russes l’ont compris dès le début (y compris Vertov qui préférait un cinéma plus expérimental). Un réalisateur n’est qu’un maillon d’une chaîne, comme un concepteur multimédia qui agit pour une commande ou tout prestataire de service.
    Il faudrait d’ailleurs arrêter de faire croire à la majorité des intermittents du spectacle que ce sont des artistes et étendre le statut d’intermittent à tous les gens qui travaillent sur projet, avec une couverture en interprojets, un DIF qui tienne compte des interruptions, etc…bref, remettre à plat l’Unedic et son fonctionnement, la formation , etc….. Mais là, nos syndicats, la bonne gauche, ATTAC et les nombreux nostalgiques des manifs merguez ne comprennent pas grand chose au film. Ils sont devenus les vrais réacs et conservateurs de notre bonne société française face à des politiques qui pensent aussi souvent plus à leur image qu’à leur prestation.