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  • Etes vous heureux ?

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    J'aime revoir des films des années 60, films de la Nouvelle Vague ou assimilés, de Godard, Truffaut, Varda mais aussi Bresson, Pialat ou comme celui fait par Jean Rouch et Edgar Morin "Chronique d'un été", essai de cinéma vérité (ancetre des réality shows ?) s'interrogeant et interrogeant des quidams sur le thème "Etes vous heureux".
    Les réponses de l'époque sont universelles et intemporelles : "ca dépend des jours", "quand on n'est pas malade on est heureux", "si on améliore l'ordinaire en travailant au noir, on est heureux", etc...
    Rapidement dans ce film, la monotonie du travail revient sur le tapis (comme souvent dans les films de cette époque). Il faut dire que les gens travaillaient à la chaine, dans des jobs plus physiques, mais les choses ont elles vraiment changé ?
    Le matin les gens se pressent dans les métros ou font la queue sur les autoroutes, sortant de leur banlieue, comme en 60. Puis ils sont caissières en supermarché, opérateur d'un centre d'appel, technicien de maintenance, saisissent des factures sur des ordinateurs ou recoivent des patients à longueur de vie...
    Le midi, beaucoup mangent dans les nouvelles gamelles que sont les boites à Big Mac ou les salades nicoises en boite plastique. Les autres font la queue au "restaurant d'entreprise" (la nouvelle cantine) avec leur badge autour du cou. Et le soir, dodo. "On dort pour aller travailler, mais au fond, c'est toujours du travail" disait un type en 60.
    "En France, le type est individuel, il travaille pour lui, il veut du pognon pour sa bagnole, c'est des pauvres types. Il se bat pour avoir un costard, c'est de la frime", disait un militant PC dans le film de Rouch.
    Et pourtant, qu'est ce qui fait courrir les gens aujourd'hui, qu'est ce qui fait que la valeur travail revient sur le devant de la scène ? Le même réve qu'en 60, celui de faire "quelque chose d'intéressant"...
    Mais pire qu'en 60, c'est devenu subversif d'aborder le sujet, tu es censé parler positivement de ton travail aujourd'hui, prendre ta vie en mains, avoir la niaque, combattre la mélancolie....tu te rends compte, si la pensée gaucho revenait avec son temps libre ?
    Dans 'Chronique d'un été ", un travailleur africain disait "si vous travaillez dur, vous n'aurez pas toute votre vie à desservir les tables".... quel bel hommage à la pensée libérale et vous, etes vous heureux ?

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    Images : Masculin féminin de Godard et Le bonheur d'Agnes Varda