François Hollande espère se refaire une santé populaire, en réalisant l’unité autour du lancement des commémorations de la guerre 14…je ne sais pas du tout ce qu’il va dire…simplement, faisons modestement (je n’ai pas la prétention de dresser un portrait exhaustif en quelques lignes) un état des lieux juste avant le début du conflit en juillet 1914*…
Certes, on pressent un affrontement avec les germains, qui ont le vent en poupe et qui indisposent bon nombre de français, du fait d’un certain complexe de supériorité : sur le plan économique avec une industrie déjà jugée qualitativement au dessus de la moyenne, sur le plan de l’organisation du travail où l’Allemagne s’impose, sur le plan des idées nouvelles (l’Education Nationale encore adolescente, s’inspire du modèle allemand, par exemple), sur le plan social (début de la sociale démocratie)…l’Allemagne enfin, avec qui, on ne s’est pas remit de la défaite de 1870.
En France, en ce début d’été 14, quelques jours avant la guerre qu’on n’attendait pas si vite, la vie semble apparemment paisible, on s’apprête à faire des moissons qui devraient être fructueuses et le 14 juillet, le peuple a dansé jusque tard dans la nuit.
Dans la presse, l’affaire Caillaux monopolise les unes. Henriette Caillaux, femme du ministre des finances Joseph Caillaux (un radical qui veut installer un impôt à taux progressif en fonction des revenus, eh oui, déjà), assassine le Directeur du Figaro, parce que ce journal de droite, a publié des lettres intimes, prouvant une relation adultère entre les futurs époux …une diversion politique pour saper le projet (comme quoi, rien ne change)…traduite aux Assises, et alors que son mari a démissionné, Madame Caillaux est graciée, ce qui indigne la droite qui crie à une justice aux ordres du pouvoir (étonnant, non)…
A l’Assemblée, les débats sont plus que vifs, entre justement cette même droite qui accuse les socialistes d’avoir réduit à néant l’armée, taillant dans les budgets pour financer des projets sociaux et éducatifs jugés trop ambitieux, et préparant nos soldats, si la guerre éclate, à une défaite monumentale : artillerie technologiquement arriérée, tenue et équipement des trouffions inadaptés et d’une autre époque, manque de moyens de transport, désir de réduire le service militaire en durée, etc…l’éloquent Jaurés, par ailleurs, croit encore que la paix est possible, grâce à l’alliance des opprimés de tous les pays, par le biais de l’Internationale Ouvrière, le 31 juillet 1914 dans l’Humanité, son journal, avant d’être assassiné, la veille de l’entrée de la France en guerre, ….c’est un peu le Mélenchon de l’époque, et Clemenceau, homme de gauche à l’origine (une sorte de Valls, qui a envoyé quelques années avant, la troupe sur les grévistes du nord, redoutant un début de guerre civile) n’a cessé de s’en prendre à ses trop beaux discours qui manquent, selon le Tigre, de réalisme…
Quant au peuple justement, aux paysans (nombreux) et aux ouvriers, on trime, on se plaint des impôts et on commence à en avoir assez de ces politiques, de leurs belles déclarations et de leurs combines, les politiques de tous bords étant accusés de s’en mettre plein les poches sur le dos des plus faibles, qui disent avoir du mal à nourrir leurs enfants, (tiens, tiens)….
Bref, tout est complexe quand tout début août, la France, pour l’Honneur et pour valider ses alliances, décide de déclarer la guerre à l’Allemagne…beaucoup parmi les plus modestes se pressent pour la mobilisation, on va mettre la pâtée aux boches en trois temps trois mouvements, et en remontrer à toutes ces élites qui ‘n’ont pas grand courage et de fort sens moral (la séparation de l’Eglise et de l’Etat et les débats parfois très rudes sur la laïcité n’ont pas convaincu tout le monde, la France étant encore très catholique)…bref, beaucoup sont prêts au Sacrifice pour transmettre à leurs enfants la fierté propre aux petites gens…mais du côté des classes moyennes, on est sceptique, voire pessimiste, on a peur que cette guerre tourne mal…
Le tableau est donc loin d’être monocolore, comme toujours les choses sont complexes et tout est sujet à remise en question…attention donc à la politisation de l’Histoire, la gauche est maître en la matière....on verra bien ce que dira Hollande…
* Il suffit de relire la presse de toutes tendances accessible en ligne sur le site de Gallica –BNF, numérisée au jour le jour.