On mesure, je trouve, toute la distance temporelle et culturelle, qui sépare Paris de la Province, simplement en étant un peu attentif à moult détails, que la rue nous offre, en cette fin décembre.
Paris sent le business à plein nez, ne sont éclairés que les lieux qui vont permettre de faire du chiffre, comme les grands magasins, les Champs Elysées, avec ces cabanes de bibelots à deux balles, qui traditionnellement attirent curieux, touristes, paumés…
En Province, même si les guirlandes sont parfois un peu défraîchis, on tente de créer une ambiance, de maintenir une tradition, oserai –je même. Hier, j’ai entendu un « Il est né le divin enfant » sortir de haut parleurs, pour envelopper un marché de Noël dans le nord, je n’en croyais pas mes oreilles…sous prétexte de séparation de l’Eglise et de l’Etat, la chose serait indiffusable, me semble t-il à Paris. De place en place, profs de musique et amateurs ont sorti leur instrument, pour créer un peu de convivialité et réchauffer l’atmosphère…le public familial les connaît tous, les mecs de la fanfare, on les voit à chaque occasion…rien à voir avec la troupe de professionnels que la municipalité a payé pour canaliser le peuple qui sort du métro…on sert à boire dans la salle de la mairie, où l’on vend également des gâteaux, du pudding fait maison, on s’y bouscule comme au bon vieux temps, on y retrouve un ex voisin, un ancien camarade d’école, un collègue….inimaginable à Paris, les consignes de sécurité imposeraient des normes strictes, une fouille à l’entrée, une interdiction, peut être même, de servir du vin chaud…et personne ne connaît personne, aucun intérêt.
Et, là que vois-je ? Une crèche, sur une place publique, même pas devant une Eglise…mes réflexes de parisien, habitué aux règles, aux quotas, à la laïcité obsessionnelle, me prêtent à sourire…j’en serai presque choqué.
Pas trop étonnant que vendredi prochain, on va faire la queue sur les autoroutes pour quitter la capitale et rejoindre un brin de famille, quelques amis, loin de Paris, abandonné pour l’occasion aux chinois, aux russes, bref, à la mondialisation…et à sa pollution.
Paris n’est plus la France, pour le meilleur et pour le pire, c’est évident, mais les fêtes de fin d’année en sont plus qu’à d’autres moments de l’année, une super démonstration.