Deux documents, à priori sans aucun rapport entre eux, m’ont marqué en cette rentrée. D’une part, le livre d’Olivier Adam « Les lisières », que je termine et d’autre part, le film « Quelques heures de printemps », avec Vincent Lindon et Hélène Vincent, un peu trop vite catalogué comme film sur le suicide assisté.
Dans ces deux documents, un thème est commun, la difficile relation entre fils et mère, cette dernière appartenant dans les deux cas, à un milieu modeste. Dans les deux cas, on est frappé par l’incommunicabilité et la violence de la relation, présente avec mère et fils, dont l’un (Olivier Adam) a plutôt su sortir de son milieu, en devenant auteur à succès mais piètre amant et père, alors que l’autre, joué par Lindon, paie plutôt ses échecs dans tous les domaines.
« D’où venait qu’après tant d’années, une mère et un fils se connaissaient si mal, se parlaient si peu, se témoignaient si peu de tendresse ? D’elle ou de moi ? Etait-ce là un symptôme de plus de mon incapacité à rentrer en contact avec les autres, de cette manie que j’avais de les fuir, de ce paradoxe qui me faisait se replier sur moi et refuser les marques d’affection, les démonstration d’intimité, en même temps que je me plaignais intérieurement de ma solitude, de la froideur et de l’abstraction des liens qui m’unissaient aux autres »
On pourrait croire que le texte d’Olivier Adam fait parti du script du film…et j’aurai pu écrire ce texte, si j’écrivais mieux.
Etait-ce le renvoi de cette vie de peu de cette génération de femme, faite souvent de soumission, de repli sur soi, de douleur tue et inavouée, qui est insupportable pour un fils qui doit vivre dans un monde de réussite ?
Est-ce un manque initial irremplaçable, qui se situe bien au-delà de l’intelligence et qui est une forme d’injustice vécue, d’inégalité sociale irréversible, qui est trop douloureuse à vivre ?
La question est profonde…et les psys pas toujours de tres bons conseils...