"Bien que M. Hollande n'a présenté aucune preuve spécifique qui lie le gouvernement syrien à ces attaques, il a parlé avec assurance de sa culpabilité."
Le New York Times
« De nombreux entretiens avec des médecins, des résidents Ghouta, les combattants rebelles et leurs familles, montrent un tableau très différent que ce que veut faire croire Kerry et les américains. Beaucoup croient que certains rebelles ont reçu des armes chimiques par l'intermédiaire du chef du renseignement saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et sont responsables de la réalisation de l'attaque au gaz mortel. Abou Abdel Moneim,, le père d'un rebelle luttant pour déloger Assad, qui vit dans Ghouta dit que son fils et 12 autres rebelles ont été tués à l'intérieur d'un tunnel utilisé pour stocker des armes fournies par un militant saoudien, connu sous le nom d'Abou Ayesha, qui dirigeait un bataillon de combat. Le père a décrit les armes comme ayant une «structure en forme de tube" tandis que d'autres étaient comme une "bouteille de gaz énorme."
Cette argumentation provient du site Fars Agency, agence de presse iranienne, qui persiste à évoquer une action déstabilisatrice du régime syrien, par un groupe terroriste saoudien de type Al Qaida. Vrai ? Faux ? Je ne sais pas…en tous cas, la question des preuves sur l’origine de l’utilisation de gaz mérite d’être posée. Les enquêteurs de l’ONU ? Ils donneront la nature des armes (qui est déjà connue, en gros), mais pas qui est le bras armé….
Du côté américain, quelles sont les preuves ? Selon le New York Times, il s’agirait essentiellement de messages et de conversations, interceptés par les agences de renseignement américain et du calcul de trajectoire des armes qui mènerait vers des bases militaires syriennes ( ????)..
Pour la France, les preuves seraient surtout de savoir que la Syrie détiendrait 1000 tonnes d'armes chimiques sur son sol, pouvant être larguées par des missiles SCUD. D'abord, la possession d'armes chimiques n'est pas une spécificité syrienne, malheureusement d'autres nations en possèdent, le bactériologique et le chimique étant une forme de nucléaire pour ceux qui n'ont pas la bombe atomique, même s'il y a une interdiction internationale (non signée par la Syrie). Toutefois, nos services disent aussi que les gaz ont été envoyés fin août par des roquettes GRAD (système soviétique de 122 millimètres développé dans les années 1960)...il y a là quelque chose qui ne colle pas et que personne ne soulève en France. Nos propres articles sont matières à contestation, tout comme certains syriens alaouites et chrétiens, interviewés à Canal ou sur France Culture qui disent que Assad est un moins pire, face à certains rebelles terroristes, qui veulent installer un régime religieux intégriste. Maintenant, si Bachar est responsable, il a fait à mon avis, comme pratiquent les services actions français ou américains quand ils veulent faire quelque chose de pas net, à savoir sous traiter à des milices indépendantes....et pour apporter des preuves....
Pour Poutine, selon l’agence RIA Novosti « Moscou ne dispose pas de preuves convaincantes de l'utilisation d'armes chimiques par les troupes gouvernementales syriennes »
Finalement, aux Etats Unis, Obama hésite, car si tout le monde est d’accord sur le fait que l’utilisation d’armes chimiques sur plus de 1000 civils, dont 1/3 d’enfants est inacceptable, on s’interroge sur les preuves, le type d’intervention et les conséquences possibles dans une région du monde explosive…s’il y a riposte vers Israël, par exemple, que feront les USA ?
Bref….rien n’est évident dans cette affaire….et en France, que dit-on ?
1 – On constate que Pépère est plus que déterminé à agir. Hier soir, sur France 2 et France 3, l’intervention armée était imminente…Le problème, c’est que Hollande n’a consulté que ses proches conseillers, agissant par impulsion, à la manière de Sarkozy. On peut imaginer maintenant qu’il va se ranger derrière la position d’Obama, isolé, ressortant très affaibli de cette affaire. Qu'on me comprenne bien, je ne dis pas que Bachar est un saint, mais je dis que 1000 t d'ypérite et de sarin entassés dans les caves de Syrie ne suffit pas à déclencher la guerre, pour des experts en droit international (c'est son emploi qui est interdit**).
2 – On constate que la presse française* est plus que légère sur le sujet, bridée et aux ordres de l'Elysée….on parle surtout de Droits de l’Homme et d’experts de l’ONU…quand aux preuves détenues par la France, l'évaluation des risques, et le mode opératoire d'une intervention ….mystère…
3- Les seuls responsables politiques qui s’expriment à mon avis correctement sur le sujet, (à part Bayrou très juste dans son analyse), ce sont les extrêmes, Philippot du FN ou l’extrême gauche….cela fait froid dans le dos…parce que les appareils PS et UMP sont coincés par leurs services communication respectifs et n’osent pas s’exprimer, comme paralysés par leurs appareils …cela donne une idée de l’ampleur du malaise et de la perte de démocratie, qui traverse la pays….
Maintenant, je me demande si la France n’est pas devenue un des axes de la stratégie d’Obama, qui utilise et manipule Hollande, sachant que le français est encore beaucoup parlé au Moyen Orient. Tragique !!!!
* Le JDD publie ce jour un dossier assez fouillé, consacré au sujet et aux preuves, faisant référence à une note de la DGSE que le journal s'est procuré. Néanmoins, la conclusion de l'article est inquiétante :" Ce que ne veulent pas dire les autorités françaises est lié à l'implication personnelle de Bachar El Assad dans l'attaque du 21/08. La France ne veut pas non plus accréditer l'hypothèse d'une bavure, avancée par d'autres services, notamment israéliens. Elle reste muette également sur ce qu'elle croit savoir des premières réactions très officieuses des autorités russes et iraniennes."
Roquette GRAD
** au regard du droit international, le fait que la Syrie n'ait pas signé la Convention de Paris ne l'autorise en aucun cas à faire usage des armes chimiques. La République arabe syrienne a en effet rejoint en 1968 le protocole de Genève, qui prohibe depuis 1928 «l'emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques» (mais n'encadre ni leur possession ni leur production).