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2014

  • Lettre aux jeunes générations

    Je voudrais te dire deux ou trois trucs, que tu ne risques pas d’entendre à la radio ou de lire dans les journaux.

    Méfie-toi, bonhomme, de ce qu’on te raconte tous les jours, car les marchands de bonheur, de justice et d’égalité ne sont que des bonimenteurs.  Fuis-les, tous ces vieux croutons à marinière, avec leur socialisme de pacotille, fuis-les, tous ces pingouins avec leurs bonnets, qui hurlent au nom de la liberté, car ton avenir ne dépend que de toi. Ne te laisse pas enfermer par leurs idéologies mortifères, leurs espérances de solidarité, je te le dis, moi, qui viens d’en bas, en réalité, ils ne t’aideront jamais, car ce n’est pas leur intérêt, leur intérêt, c’est que tu restes un petit, pour ne surtout pas leur faire de l’ombre et continuer à les servir.. Apprends tout ce que tu peux, partout, nourris-toi de la culture du monde, car leur éducation sent la poussière et leurs diplômes ne te serviront à rien, ce sont des antiquités. N’as-tu jamais remarqué qu’un prof en retraite continue de penser jusqu’à sa mort, que ceux qui sont plus jeunes que lui, doivent suivre la voie qu’il a tracée et qu’il a autorité sur eux…Laisse les, tous ces bons penseurs : les syndicalistes, car leur engagement sert juste à donner du sens à leur destin de paumé et à garantir leur pension, méfie-toi du curé cradingue avec ses sermons de pauvreté romantique, de l’imam nourri de haine des mécréants, qui te promet la délivrance, protège-toi du rabbin revanchard, qui ne veux plus baisser la tête, pour venger ses pères, prends garde à l’écolo à lunette verte qui prône la décroissance, et fais attention, également, au laïc, qui cherche à inventer la nouvelle religion du siècle… Ne les croies pas non plus, les marchandes d’émancipation sexuelle, car ces révoltées du slip sont toujours des bourgeoises dans leurs têtes, leur revendication de délivrance n’est là que pour servir leur égo et leur pouvoir…Tu sais, leur fraternité de soixantutard, ils ne l’ont pas toujours voulu et c’est parce qu’ils sentent la grande faucheuse qui s’approche, qu’ils manifestent, avec leur écharpe rouge autour du cou, parce qu’ils veulent conserver leurs acquis sociaux, qu’ils s’imaginent que la finance, le miroir de leur médiocrité, peut les bercer gratis, parce qu’ils ont peur de crever tout seul, sans personne pour changer leurs couches…Ils se sont vus beatniks ou hippies, ils ont fini fonctionnaire et après s’être gavés de Sécu, de RTT, de retraite par répartition, en carburant au Lexomil fourni par la collectivité, ils t’ont laissé l’ardoise à régler sur le bord du comptoir, avant de sortir en regardant leurs pompes…compte les miettes qu’ils t’ont gardées, observe l’état de nos universités, des taudis, où on vous entasse comme des rats,  on dirait des squats…c’est de ça, qu’ils ont peur, que demain, leurs maisons de retraite, ressemblent à ces bouges, qui sentent la pisse et où on bouffe de la merde…tout ça pour te donner des contrats aidés payés au lance pierre, pour que tu passes tes plus belles années à numériser leurs archives, qu’ils pourront ensuite consulter en ligne pour occuper leurs journées de petits retraités… Combats ceux qui veulent transformer la France en grand vide grenier, en brocante géante, ceux-là  ne veulent rien bouger, ils veulent juste échanger quelques cahiers qui leurs rappellent leur enfance, avec l’encrier en verre, les cartes murales Vidal Lablache et le porte plume Major…ne les laisse pas t’emmener dans leur tombe, ils vont te bouffer. Les ressources alimentaires et minérales, nécessaires à votre développement futur, sont maintenant dispersées sur la planète et tout est à redéfinir. Eux, ils ne comprennent rien, ils croient s’en sortir avec un potager dans le jardin. Ils n'ont rien anticipé, ils se sont drogués d'optimisme irresponsable. Alors, ne rate pas le train, après il sera trop tard, et bats-toi contre les utopies nationalistes de droite comme de gauche, car leur avenir à eux, il est dans le déambulateur.

    Non, je te le dis, n’aies pas peur de la mondialisation, c’est une extraordinaire opportunité, mais il faut être fort, être nombreux, être malin et travailler, en renonçant aux tentations extrémistes…sois européen, c’est le plus beau des continents, vibre sur des rythmes techno de Hambourg, émeus-toi sur des accords cristallins de jazz scandinave, gèle-toi dans la Baltique, respire le vent de la Waddenzee, danse sur un flamenco endiablé, pleure sur un fado au Baixa de Lisboa, délecte-toi des saveurs de la Méditerranée, saoule-toi de whisky écossais et de bière brune irlandaise…invente un autre monde, crée une autre histoire,  entreprends, risque, connecte-toi et vis….vis bordel ! Et vire-moi, tous ces cons !

    Lelazor, une sorte de grande Bellezza de 63 ans...