Je viens de voir lundi mon toubib, avec qui j’avais pris rendez vous il y a trois semaines (c’est comme cela en région parisienne, en terme de délai en dehors des urgences, vu le nombre important de départ en retraite non remplacés) pour une visite bi annuelle de routine…comme je le connais depuis assez longtemps, il m’a expliqué les raisons de la grève qui démarre et m’a édité une lettre qu’il a adressé au Président de la République qui a répondu (quoi, je ne sais pas), une lettre qui a fait, parait-il le buzz sur internet parmi la profession (il ne m’a pas laissé le temps de lire sur place, on avait déjà consommé les dix minutes imparties)...
C’est un long et noir ras le bol sur trois pages, dans lequel ce généraliste dit ne plus y arriver, terminant ses journées à 22 heures, après 60 visites par jour au cabinet (il dira 40 sur FR3 Ile de France qui a diffuse un mini reportage sur lui hier midi) car peu de domicile, vu qu’en RP, on ne se déplace plus que pour les « fins de vie » et les handicapés lourds…
Reconnaissant que son "Chiffre d’Affaire est assez conséquent", celui-ci se plaint d’un Etat qui lui prendrait "plus de 80 % de ses recettes en impôt, URSSAF et Charges ", lui laissant à peine de quoi payer, je cite " les traites sur vingt ans d’un modeste pavillon d’une banlieue dans un lotissement bien impersonnel, de 80 M2, pour lui, sa femme et ses deux enfants, qu’il ajoute ne plus avoir le temps de voir".
Je passe sur le reste, tout est dans le même esprit, très peu de vacances, des dimanches amputés (pour faire la compta et se tenir informé), etc……
En rentrant et après avoir lu avec attention cette prose, je me suis livré à des multiplications et à une analyse attentive de sa missive, de ses propos qu'il m'a tenu, revoyant plusieurs fois son interview sur FR3:
Tout est incohérent, ses chiffres qui ne sont pas toujours les mêmes, ses arguments qui sont excessifs, avec des phrases très dépressives "en quoi fais-je tant de mal au quotidien pour mériter cela ", cette manière de travailler à la montre qui révèle de terribles dysfonctionnements...et je ne comprends pas comment il sort les + de 80 % d'impôts et charges...il faut faire attention de ne pas donner des bâtons pour se faire battre et contrôler sa communication...
Maintenant, qu’il dise qu’il s’inquiète pour une fonctionnarisation du métier qui n'a plus grand chose de libéral, avec des contrôles de plus en plus étroits, avec des découpages par secteur et des implantations décidées au Ministère, qu'il en a marre de la charge liée au manque de médecin, qu’il se plaigne d’un tiers payant généralisé qui va déporter une gestion chez lui, sans que l’Etat ne prenne à sa charge une informatisation qui lui garantirait des paiements un peu moins artistiques par des mutuelles qui vont tirer du cou, et qu’il ait peur de la gratuité, cette marotte de gauche qui déresponsabilise la patientèle (je ne connaissais pas ce nom créé par notre si brillante Administration, sûr que clientèle, ça fait capitalisme pour nos petits bureaucrates bolcheviques, qui confirment ainsi leur volonté de normalisation très socialiste) et finalement qu’on en soit réduit à une médecine de basse classe, qui tend vers quelque chose d’assez soviétique et inégalitaire (pire que l’anglaise que la gauche elle-même savait critiquer jadis quand elle paraissait plus brillante à mes yeux)…OK, mais aucun de ses arguments n’est dans la lettre…du coup, je ne suis pas sûr que nos toubibs avec un texte de ce type, vont faire pleurer nos énarques, surtout avec une grève qui tombe entre Noêl et le Jour de l’An….
Enfin, moi, je ne soutiens pas ce Gouvernement, qui va en plus, à mon avis créer des coûts supplémentaires plutôt que de faire des économies (comme d’hab, cette gauche est d’un médiocre et d'un minable, cédant au populisme ambiant), mais pour avoir fait « plus de 12 années d’études après le Bac, et de formations complémentaires » comme le dit mon docteur, qui frôle à mon avis le burn out (il devrait consulter, car il peut vite devenir un danger public), ce n'est pas terrible comme condition de travail (laissons l'histoire du salaire de côté qui n'est qu'un révélateur d'une crise plus grave et d'un manque de reconnaissance ressenti)….
Là comme dans l'éducation le socialisme industrialise, reportant sur ses sujets censés être les plus brillants, les problèmes de la société, les laissant se débrouiller sans grande valorisation, pour tenir une égalité d'apparence (dans les beaux quartiers, les toubibs que la "clientèle" genre élites de gauche, a les moyens de payer plus cher en secteur 2, sont largement assez nombreux pour ne pas être obligés de faire de l'abattage).....
sur le fond, notre médecine, tout comme notre société, est vraiment en crise et il y a URGENCE à réformer ce qui n'est rien d'autre qu'un capitalisme d'Etat, bien plus perverse et cynique que l'autre, qui broie les plus faibles et détruit les classes moyennes supérieures du privé et du libéral, en particulier, pour mieux manipuler le peuple !
"Quand on commence une consultation, on en est presque à se précipiter à bien cerner le motif de la consultation, pour terminer à l'heure, afin de penser au prochain"