La Suisse est un pays complexe, que le français moyen a souvent tendance à juger avec des clichés un peu rapides : habitants un peu lourdeaux tendance facho, sans états d’âme, vivant du fric placé dans des gros coffres de banques plus ou moins occultes, par ses riches voisins de droite ou de gauche peu scrupuleux, et voulant échapper au fisc de son pays…on imagine aussi souvent le suisse se déplaçant en tribu pour randonner en jodlant à tout va, avec des grosses chaussettes, buvant beaucoup de bière pour faire passer le fromage qu’il engloutit à toute heure, et cuvant affalé sur un banc devant un de ses fameux lacs qui font la renommée de cet étrange amalgame de cantons…
Et, pourtant, c’est un pays où la liberté est une valeur première, souvent placé en tête des hits parades mondiaux pour sa qualité de vie, accueillant toutes nationalités, y compris musulmanes, comme à l'université de Lausanne très cosmopolite, où la vie n’est pas si chère (surtout avec un euro fort comme en ce moment, où le change est à 0,8, le Super 95 à 1,41 €), composant entre les valeurs républicaines du français et la rigueur ou l’austérité de l’allemand.
On pourrait s’inspirer de son fonctionnement démocratique, très décentralisé, basé sur la proximité et l’initiative populaire (tout citoyen peut demander un référendum s’il obtient 100 000 signatures). On pourrait réfléchir sur les causes de sa neutralité militaire, dans un pays qui a eut, avec une population mi germanique mi francophone, à surmonter, sans guerre civile, deux conflits majeurs opposant ses peuples parents. On pourrait aussi prendre un peu de l’esprit de négociation, qui fait la force du suisse, très conscient de ses droits et de ses devoirs et de la nécessité d’équilibrer les comptes (l’esprit de la Réforme ?).
En ce moment par exemple, on se pose beaucoup de questions autour de la recherche de nouvelles niches de reconversion, comme la robotique de précision, bien conscient que le luxe qui fait la joie de l’industrie horlogère, stagne compte tenu de la crise dans les pays voisins, ou que la levée du secret bancaire (contre lequel ils ont encore de solides arguments à avancer) réclamée par l’Europe et les Etats Unis, pourrait amener de sérieux manques à gagner.
Bref, même si ce n’est pas le paradis, il faut reconnaitre qu’on ne s’y sent pas si mal…
