Imagine que ton voisin te doit un paquet de pognon, du pognon que tu lui as prêté et qu’il n’arrive plus à te rembourser…la majorité des gens font monter la pression, multiplie les lettres recommandées que l’autre ne va pas chercher, bref, c’est la guerre et rien de concret ne bouge.. et tout le quartier commence à raconter que tu es un gros salaud qui humilie un pauvre type...
Non, tu la joues cool, so british, en finesse, pas manière grosse Fräulein autoritaire comme cette bouffonne de Merkel…tu invites le mec chez toi, et tu le reçois comme un prince, enfin pas trop non plus, c'est qu'un petit grec, tu fais cela décontracté de la brindille, quoi, sans chi chi…tu le félicites pour ses tenues et pour son look*, tu fais des photos avec lui que tu montreras à tout le quartier, histoire de mettre les gens de ton côté et calmer les grandes gueules, en clamant que tu trouves que c’est un bon voisin finalement, un peu largué, c'est tout, que c'est super de s'entendre comme ça, que dans le malheur, ça fait du bien de se sentir entouré…bref, le mec, tu lui en mets plein la tête des strokes positifs, tu lui dis que tu trouves que c’est vachement bien de se parler franchement, sans agressivité, entre hommes, tu lui ressers un coup d’ouzo, tu fais apporter des olives et des petits fours Picard Surgelé par maman, à trois euros la boite de vingt, tu lui dis que tu es là pour écouter ses difficultés (pour prendre de l’info, con) et puis , au bout d’un moment, quand tu sens que le mec est un peu rouge, un peu pompette, un peu, surtout pas trop, il faut qu’il soit lucide, un peu gêné même c'est bien, tu le raccompagnes et au moment où tu lui sers la main bien fermement, tu lui rappelles que ce serait sympa qu’il fasse un geste rapidement pour régulariser, histoire de poursuivre ce si bon voisinage…tu peux aussi lui proposer un prêt...tu sais qu'il ne pourra pas rembourser, mais toi, tu vas te gaver avec les intérêts...
Le mec rentre chez lui, réfléchis, se dit, putain, en fait ils m’ont bien baisé, mais je ne peux pas non plus ne rien faire, sinon, je vais passer pour un con…mais attend trois mois, quand un pote russe va le coacher et lui faire prendre conscience des pièges, rien que pour déstabiliser un peu plus le bazar...
En fait, tout le monde profite de Syriza, sûrement trop jeune dans cet univers de requins..…Hollande va aussi tirer la couverture à lui, et saisir la balle au bond pour avancer ses pions... car malgré les sourires de façade, chaque état ne manque pas de dire que les grecs sont dangereux pour l’Europe et qu'ils doivent être responsables…enfin, responsables, ça veut dire : tu te demmerdes comme tu veux, tu dépouilles qui tu veux, mais nous, on veut récupérer le max de pognon qu'on t'a prêté...
Pour revenir aux anglais, ils s'en foutent un peu...ce n'est pas leur fric (créances surtout allemandes et françaises) et puis, ils n'ont pas l'euro...il ne m'étonnerait pas non plus que ces gros malins d'anglais aient proposé au pauvre grec le coup financier tordu qui leur rapporte, genre on échange la dette contre des actions et au passage, ils touchent...très fort...
* Le Daily Mail, quotidien populaire conservateur à gros tirage, titrait lundi soir : Eh, George, tu me prêtes dix livres pour m'acheter une cravate...ça donne le ton...
Cette histoire de cravate a rebondi et en Italie, Renzi a offert hier le précieux tissu made in Italy bien sûr, au Président grec. L'italien l'a joué aussi cool cynique, baratinant l'autre avec la croissance qui va sauver l'Europe et répétant lui qu'il faut faire des réformes, toujours des réformes, responsable, vieux, responsable....
Réaliste ? Soudé l'Europe ? Je passe sur Junker qui en profite pour faire sauter la troika qui ne convient à personne depuis longtemps, en faisant croire que c'est grâce aux grecs....Bref...on repousse les échéances à plus tard, comme d'hab, on fait de la com....ce sont les peuples qui vont encore trinquer...à la santé de ses messieurs...la seule logique étant de gagner du temps et de sauver sa place !
Photos: Le ministre grec des Finances avant hier à Londres, à sa sortie de Downing Street et Renzi et TSIPRAS hier à Rome à Palazzo Chigi