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La Grèce en jeu de rôle

 

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Il est temps de faire un peu une synthèse avec la Grèce, en tant qu’ancien concepteur de formation pour adulte, je dirai qu’on pourrait même en faire un super jeu de rôles…allez, on divise le groupe en deux…

vous, vous faites les allemands et vous défendez le principe d’une certaine  rigueur au nom de l’estime de soi et d’une certaine morale : il faut payer ses dettes, accepter le contrat européen signé par ses prédécesseurs et respecter les engagements vis à vis de l’euro, faire des réformes pour faire repartir la croissance et pratiquer des économies au niveau de l’Etat, faire respecter les règles aux grecques, en acquittant impôts pour ceux qui ne sont pas prélevés à la source, taxes, TVA, etc…

Les autres, vous êtes Syriza, vous êtes arrivés au pouvoir en argumentant sur la rupture : on étale la dette, et si possible on annule, on n’emprunte plus, ce qui plombe les comptes, on desserre l’étau  pour redonner un peu d’humanité au pays : aide aux plus démunis, ré embauche de fonctionnaires, ré ouverture de la télévision publique, délais aux contribuables pour acquitter impôts et dépenses genre EDF…

Mettez au point vos stratégies et vos argumentaires….pour corser le jeu, un simulateur fait évoluer dépenses et recettes côté grec, en fonction de vos décisions, ainsi qu’on suit la courbe la votre popularité, de part et d’autres…

au cours du jeu, l’animateur balance quelques indications :

- Attention les allemands : rigueur ne veut pas dire rigidité, comme l’a dit encore hier Pat Cox, Président de la Fondation Jean Monet à Lausanne…de nombreux exemples prouvent que lorsqu’une entreprise est en difficulté, trop d’austérité a de fortes chances de la mettre en faillite, car sans air, c’est l’asphyxie, il faut que l’innovation se déploie, que la formation du plus grand nombre s’opère, que l’argent circule, par ailleurs,  il faut respecter le vote démocratique des grecs et l’image de vos adversaires même si vous n’êtes pas d’accord avec eux, il faut également faire preuve d’humanité car l’Histoire prouve toujours que celui qui pratique trop d’oppression est vite rejeté par la Communauté Internationale, il faut maitriser la violence verbale qui nuit toujours à l’image d’un pays, etc…
ne pas vous  laisser également emporter par le côté donneur de leçons, l’Allemagne portant déjà un lourd passif (on ne traite pas les grecs de dégénérés, de faignants ou de voleurs, ça rappelle de vieux souvenirs, le coup du peuple leader passe  plutôt mal dans l’opinion en général, d’autant que côté germains, on trouve aussi des gens en rupture du côté est ou vivant avec peu de ressources)…

- Attention, les Syrizas à ne pas sombrer dans la démagogie et l’affectif, il ne faut pas rompre la confiance avec vos partenaires, faire fuir les capitaux des plus riches (c’est ce qui s’est produit), trop s’apitoyer sur la détresse des plus pauvres qui risque de faire réagir négativement l’Union Européenne (en Europe, de nombreux pays vivent aussi mal, voire plus que les grecs), surtout que les caisses de l'Etat sont quasi vides, ne pas chercher des complicités et alliances plus ou moins malsaines à l’étranger ( Podemos, Mélenchon, Le Pen, voire laisser planer une alliance possible avec la Russie) qui risquent d’embraser la Communauté,  s’enliser dans des délires populistes qui peuvent tout déstabiliser et mener à une révolte du peuple (refus du libéralisme, rupture avec les élites qualifiées de corrompues, trop grande chasse aux sorcières), faire du chantage sordide (on va ouvrir en grand nos frontières et régulariser les papiers de terroristes, quitte à déclencher des attentats à Berlin ou Paris),se mettre le peuple à dos en disant tout haut que la corruption est un sport national et que tout le monde doit surveiller tout le monde, s’en prendre à l’identité des partenaires (les allemands sont des nazis et ils doivent payer des réparations de guerre), ce qui risque de mener à une rupture,  et jouer les victimes innocentes  (ce sont les autres qui nous ont conduits à la ruine, en nous vendant des armes et de la technologie)…

Une dernière chose qui vaut pour tous, restez prudent avec la presse : se faire photographier sur sa terrasse, avec sa cocotte artiste internationale au beau collier de perles, depuis un très bel appartement qui donne sur le Parthénon à Athènes, ou devant son piano, par Paris Match à qui on accorde un long interview, où l'on apprend que vous avez rencontré Tsipras sur une Ile, vos maisons de campagne étant proches l'une de l'autre , n’est pas l’idéal pour un homme qui se dit marxiste libertaire, c’est mal vu en interne comme en externe…de la même manière, en faire trois caisses sur la tenue vestimentaire de vos interlocuteurs dans une émission très regardée en Allemagne, ou envoyer des technocrates européens en costard noir dans de grosses Mercédès à Athènes, genre mise sous tutelle, fait un peu vieux réactionnaires fachos...

Comme vous le voyez, ce n’est pas simple et la marge de manœuvre est étroite, très très très étroite…

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