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La petite foule des auto-entrepreneurs

En tant que bénévole chargé d’aider les auto-entrepreneurs sur le plan de leur communication, je livre quelques observations que j’ai pu réaliser, depuis cinq ans que j’interviens auprès de cette population.

La petite foule des créateurs, des porteurs de projet comme on dit à Pôle Emploi, ou plus simplement des mecs qui cherchent à s’en sortir tout seul, est essentiellement constituée de deux types de profils :

- Les séniors, qui parfois sont installés depuis longtemps, se croyant bien dans leur niche, et qui se retrouvent confrontés à des problèmes de chute brutale de chiffre d’affaire …Par exemple, parlons de cet artisan d’art dans un domaine très pointu (un métier au savoir faire ancestral dans la restauration d’antiquités), depuis bientôt quarante ans, aux références prestigieuses, qui se retrouve pour la première fois de sa vie, confronté à une clientèle aisée qui ne veut plus rénover son patrimoine…qu’il s’agisse des institutions ou de commanditaires culturels (plus de crédits, les subventions sont attribuées en priorité au spectacle dit vivants) ou de propriétaires privés, qui eux, au vue de ce qui se passe en Grèce, en Espagne ou en France, ont peur d’une révolution type Terreur, où s’opérerait une grande chasse aux riches et à leurs biens, on n’entretient plus rien…alors, va expliquer vieux, à un brave professionnel amoureux de son métier de près de soixante ans, qu’il faut qu’il communique en anglais pour chercher du client en dehors de nos frontières, avec un argumentaire valorisant son offre (ce qui l’agace profondément), pourtant, c’est ce qui m’apparait, comme à peu près la seule possibilité, afin de recharger le carnet de commandes.

- les quadras, voire plus jeunes, motivés par une sorte d’anarco-individualisme ou plus banalement, lassés des lettres de motivation qui finissent au panier, qui ont décidé de se lancer dans l’aventure personnelle…je ne sais qui les conseille en amont, mais tous semblent obsédés par le site internet…tu crées dix pages illustrées par quelques photos piratées ici ou là, pour présenter ton activité, avec un horrible éditeur issu d’un produit d’appel gratuit que l’on trouve en masse sur le net, qui fera fuir en deux clics l’éventuel contact potentiel …et hop…sauf que hop,  rien !…car un site, c’est un peu comme si tu ouvrais une boutique en plein désert, avec Google en plus, qui fait payer les enseignes qui ont les moyens, pour te passer devant sur le moteur de recherche… tu feras au mieux cinquante visites par jour, dont la moitié se retrouvent là par erreur…alors, si ton activité est la vente de bracelets ethniques à cinq euros pièces, tu ne risques pas d’être épuisé à faire des paquets pour expédier des commandes, car tu lèveras deux ventes par mois à tout casser…même histoire si tu fais de la sophrologie, des cours plus ou moins spécialisés, du vêtement africain ou des huiles exotiques…c’est le marché de la désespérance, où ceux qui dépassent 800 euros par mois de revenu, relèvent de l’exception…je faisais le point lundi avec un consultant, allez, depuis cinq ans, il y en a une dizaine qui s’en sortent vraiment…

Eh oui, la France est le pays d’Europe qui ouvre le plus d’entreprises comme disent les politiques…oui mais après vieux, vu le pouvoir moyen d’achat des français, à part faire des sites de rencontre avec un solide sponsor, même si tu es très compétent, très sérieux (c’est peut être même un handicap), tu as vraiment peu de chances de t’en sortir correctement avec cette seule activité…si, j’ai connu la maitresse d’un député  assez en vue, qui avait une boutique d’art contemporain…je ne sais pas pourquoi (enfin, on va dire ça), mais ça marche, pourtant, ce qu’elle expose n’est vraiment pas renversant…

Sans issue ? Non, après, ben après, tu peux cumuler avec autre chose genre CDD ou petit service ici ou là, voire retrouver un CDI, mais ça, c’est une autre histoire…

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