Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le dégout

 

superposition.jpg

Exemple de superposition via Photoshop (en violet et bleu pixellisé)..la parte centrale et bordelaise est souvent "oubliée" par le démographe.

Quand j’ai refermé le livre d’Emmanuel Todd (oui, cela ne se lit pas comme un roman), j’ai été pris par une sorte de dégout, un mélange de désespoir et d’interrogations, du genre « Pourquoi notre pays est-il en train de tomber aussi bas ».

Démontrant à mon avis l’inverse ce qu’il veut démontrer, ce livre (Qui est Charlie ? ) est en effet assez représentatif du vide existentiel, de l’amateurisme, de cette haine obscène de soi et des autres, qui tel un tsunami, est en train de submerger ce que fut la France, jadis un beau pays.

Amateurisme, car si le bonhomme se prend pour un descendant de Weber, le moins que l’on puisse dire, c’est que ses thèses, établies en général à partir de cartes, sont quasi toutes contestables…il suffit de scanner les dites cartes, d’en faire des calques et de les superposer ensuite avec un logiciel type Photoshop pour s’apercevoir qu’il raconte souvent n’importe quoi, se focalisant souvent sur le nord et le midi…je passe sur le fait que certaines cartes sont peu significatives (les pourcentages étant si proches qu’ils rentrent dans les marges d’erreur)…bref, c’est une sorte de bouillie pour les chats que nous livre le démographe…le problème dans la recherche aujourd'hui, c’est que de nombreux sociologues français contemporains font souvent preuve d'aussi  peu d’exigences que Todd dans leurs études, où un vague fond sert de trame à un discours politique construit d’avance…j’ai lu, préalablement « L’inégalité des chances » de Raymond Boudon, un chercheur décédé  il y a deux ans à l’âge de 79 ans »…rien à voir, cet homme reconnu internationalement, était rempli de doutes, de modestie  et attaché à une grande rigueur  scientifique, quitte à dire des choses peu consensuelles…

Le plus grave chez Todd, c’est le ton, la haine de ce gauchiste pour de nombreux segments de population,  qui parcourt tout le livre : faisant exception des juifs, qui pour lui, sont toujours aussi  menacés dans ce pays (c’est possible, beaucoup le disent, mais fallait-il pour autant vomir tant de mépris pour ce qui n’est pas juif, appelant du coup à une réaction antisémite), l’auteur s’en prend aux vieux, aux intellectuels qu’il nomme la nouvelle oligarchie (il en vient pourtant), aux parisiens ( ces cadres privilégiés qui votent Hidalgo), à Hollande et sa bande, aux catholiques et aux zombies de catholiques (quelle vilaine définition) et à tous ces dérivés, genre CFDT (les « merci patron »), les protestants zombis, l’islam zombie,  à ceux qui votent Sarkozy et Le Pen, aux allemands (on retrouve la base des discours de Mélenchon), les scandinaves (exception faite des finlandais proche de la Russie – ayant un peu parcouru cette région, le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas terrible, tant sur le plan de l’urbanisme que de l’alcoolisme très répandu-)… les seuls européens valables sont pour lui,  éventuellement les grecs continentaux, pas ceux les zouaves friqués des Iles  (drôle de modèle que Siryza), le reste est bon pour le goulag…car ne l’oublions pas, le rêve de Todd, c’est l’égalité, le mot probablement le plus présent dans le livre…on dirait du Benkacem...

Ah la nostalgie de l’époque soviétique (et des crimes staliniens probablement, une bonne manière de faire taire l’opposition que de la faire disparaitre), c’est quelque chose pour les intellectuels français (y compris les curés, qu'il n'a pas l'air de bien connaitre Emmanuel) qui n’aiment pas plus Poutine (beaucoup trop libéral le milliardaire, ce qui est beaucoup plus grave pour un gaucho que de tuer des journalistes, comme Anna Politkovskaïa)…enfin, restons sérieux, ce qui dominent chez Todd, ce sont les frustrations de l'universitaire juif qui se dit persécuté ! Ah, manque d'amour et de reconnaissance, le petit Emmanuel, qui a du grandir avec des gens trop brillants...

Enfin, ce qui est aussi grave, c’est que je n’ai pas trouvé justement parmi les journalistes, qui ont réagi à l’époque, de critique véritablement construite et argumentée à partir des énormités de Todd, les médias en étant souvent restés à la lecture de la couverture, du titre et de l’introduction, car il faut aller vite...

Pitoyable tout cela…bonne semaine quand même, avec la réforme sur l'égalité des chances, une autre farce sur le plan de la démocratie et de l'absence de débat ouvert, mais qu'il faut prendre le temps de prendre d'analyser point par point, car tout ne se résume pas au latin et n'est pas à jeter aux chiens…

Les commentaires sont fermés.