Libération change de costume…depuis ce matin, pour booster ses ventes (c'est 2€, soit 5 centimes la page, va falloir du contenu les gars, avec 6 pages de pub, soit 30 c pour Total, BNP, le bouquin d'E. Todd, etc...pour des mecs qui pleurent sur le marché, ça fait cher), le quotidien qui ne se porte pas trop bien (on a pas mal licencié), se présente avec une nouvelle mise en page (qui rappelle quand même fortement Actuel, le mensuel avant gardiste de feu Bizot qui a tant marqué July dans les années 80, Bizot qui fut également le créateur de Radio Nova, qui vient d’être reprise par Mathieu Pigasse – la petite famille -)
Nouvelle ligne éditoriale pour Libération, mi magazine mi quotidien, qui finalement semble avoir accepté de se prolonger en numérique, pour faire plus « dans le fond » afin de se démarquer de tous ces gugusses qui écrivent sur internet (comme moi par exemple), et qui dialoguent sur Twitter de tout et n’importe quoi …
Comme il fallait marteler le lancement (marketing oblige, on est de gauche, mais on fait avec les lois du marché), Libé fait sa une avec un titre accrocheur « le chômage superstar », souhaitant visiblement profiter de la vague produite par le film de Brizé qui cartonne …suivent 4 pages d’analyse sur le marché qui culpabilise, qui déclasse, qui détruit, qui humilie, etc…
C’est vrai, mais en même temps, curieux pays, que ce pays qui devrait faire l’effort d’imaginer ce qui va se passer après pour le héros du film, alors qu’il claque la porte « par dignité »….la galère, la grosse galère à nouveau, avec en plus, le moral encore un peu plus cassé…oui, c’est dur, oui c’est difficile de remonter la pente…mais j’aurai préféré qu’on s’intéresse à ceux qui faisant le constat de Lindon à la fin du film, se lancent dans l’auto-entreprise, un phénomène en forte croissance….Cinquante ans, ceux qui en ont marre des CV sans retour, ou qui sont licencié pour gagner trop par exemple, (eh oui, nombreuses sont les PME qui se séparent de leur chef d’équipe et de leur cadre, face à une structure qui a tellement maigri qu’il devient impossible de payer un salaire un peu supérieur à la moyenne) ou ayant du faire face à une grave maladie ou un divorce (ou tout ensemble), ils sont nombreux à tenter l’aventure…et cette aventure là est une sacré galère, sans grande garantie, sans filet, sans Pôle Emploi, sans SMIC, sans emploi indéterminé au bout du chemin, sans indemnités et probablement sans retraite à la fin…réactif jusqu’à être prêt à travailler jours de fête, soirées, dimanche pour s’adapter au sacro-saint client (qui comme lui n’a pas beaucoup de pognon), tous ces gens là n’auront pas droit à la pénibilité et se moquent bien des lois Macron…on se fout de leur burn-out ou de leurs vertèbres déplacées, ils sont en dehors de toutes les statistiques…ils sont leur propre patron, ils sont libres, …libres de quoi ? de gagner 500 € par mois en moyenne, étant prêts à faire au noir pour faire moins cher, où ils ne comptent pas de frais de déplacement, cette population qui grossit (ils seraient environ un million) ressemble fortement au journalier du temps de nos grands pères qui se faisaient embaucher à la tâche pour couper les blés…
Alors ? Alors je préférerai qu’on s’interroge sur ce qui semble toujours frapper les plus faibles, sur l'école, la formation, sur les nouvelles formes de travail (oui, comme le dit Laurent Joffrin, nos politiques sont à la ramasse...et la presse ? ), que de baver sur la dignité et le courage, comme le fait Xavier Mathieu dans Libé, l’ex Conti qui joue dans le film…Libération veut faire plus de fond ? Ok, mais il y a encore du boulot, les gars, l'impertinence OK, mais reconnaissez que votre nouvelle formule fait un peu "vieux costume" pour vieux gaucho un peu aisé...