Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le capitalisme n'a pas besoin de la gauche marxiste pour le renverser (Varoufakis)

Il était mardi soir l'invité de TED GLOBAL à Genève...il faudra attendre un peu pour voir la vidéo...Mais le texte est disponible sur le blog de Varoufakis, qui a réaffirmé que "La gauche a toujours eu le projet de remplacer le capitalisme par le socialisme. Ce projet est mort en 1991"...

Pour lui la solution ne peut venir que du marché...qu'est ce qui menace nos démocraties aujourd'hui ?

Varoufakis l'appelle le paradoxe de Twin Peaks. Un pic est la montagne de dette qui projette son ombre partout, en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, dans le monde entier. Tout le monde peut voir cette montagne de dettes. Mais peu remarqué est son jumeau - un second pic tapi dans son ombre: une montagne de liquidités oisives appartenant aux épargnants riches et les sociétés trop terrifiés à investir leur épargne dans des activités productives, qui pourrait générer les revenus nécessaires pour éteindre la montagne de la dette et  produire aussi des choses dont l'humanité a désespérément besoin, par exemple l'énergie verte.*

Donc, une montagne de dettes et une montagne d'argent inactif forment des pics jumeaux qui refusent se s'annuler les uns les autres à travers les opérations normales des marchés. Le résultat est la stagnation des salaires, plus d'un quart des jeunes âgés de 25 à 54 années sans travail en Amérique, en Europe et au Japon, et de la faible demande qui, dans un cercle sans fin, renforce le pessimisme des investisseurs potentiels qui craignent  une faible demande, les portant ainsi à  ne pas investir. Exactement comme le père d'Œdipe qui, motivé par la prophétie de l'oracle qu'il serait tué par son fils, sans le vouloir, a créé les conditions qui ont assuré Œdipe le tuerait.

En bref, plus le succès du capitalisme écrase les démos  (le peuple en grec), plus la Twin Peaks grimpe et plus on perd  de la richesse pour l'humanité.

 Mais il est une alternative, ajoute t-il (il faut parfois s'accrocher pour le suivre) :

Le capitalisme est en train de tuer les travailleurs pauvres de toute façon en remplaçant les travailleurs faiblement rémunérés humains avec automates, androïdes et robots. La solution est d'utiliser les nouvelles technologies pour unifier à nouveau les sphères politiques et économiques. 

Autrement dit, le capitalisme n'a pas besoin de la gauche marxiste pour le renverser. Il est occupé à la création de technologies qui vont tirer le tapis sous ses pieds.

La question est de savoir si le capitalisme survivra aux technologies

Par ailleurs, le professeur affirme :

Les marchés sont prisonniers de prophéties auto-réalisatrices qui aggravent les problèmes. Pourquoi n’y a-t-il pas d’investissements? Parce que les investisseurs, les industriels, ceux qui contrôlent ces trillions qui dorment, craignent que s’ils investissent l’argent, la demande ne sera pas au rendez-vous pour être profitable. Donc ils n’investissent pas, la demande n’est pas là, et cela confirme leurs attentes négatives qu’il n’y aura pas de demande. Le marché ne fait que répéter ce schéma. Dans le même temps, les Etats sont paralysés, incapable d’agir. Les Etats membres de la zone euro sont déjà à leurs limites fiscales, ils ne peuvent plus emprunter pour dépenser plus. Les Etats-Unis sont presque ingouvernables avec le Congrès qui bloque la Maison Blanche. La Chine est déjà beaucoup intervenue et ne peut plus le faire davantage.

Nous avons besoin d’une coordination politique rationnelle au niveau du G20 sans quoi quelque chose de terrible va arriver"

Il revient aussi à son dada, la monnaie numérique :

Passons à l'économie politique mondiale, imaginons que toutes les monnaies nationales ont un taux de change flottant avec une monnaie numérique commune, appelons-la KOSMOS, qui sera émise par le Fonds monétaire international et le G20 au nom de l'humanité. Imaginez encore que tout commerce est libellé en KOSMOS , automatiquement, dans un fonds d'investissement mondial commun une somme de KOSMOS proportionnelle au déficit commercial ou de l'excédent de chaque pays - de l'argent doit être utilisé pour investir dans les technologies vertes dans la partie du monde où les fonds d'investissement sont rares. Ce n'est  pas une idée nouvelle - c' est une version high-tech de ce que John Maynard Keynes avait proposé en 1944 lors de la conférence de Bretton Woods. Sauf que maintenant, nous avons la technologie pour la mettre en œuvre dans le contexte d'une sphère politique-économique mondiale démocratisé.

Le monde que je vous décris est un monde qui est en même temps libertaire (mettant l'accent sur l'autonomisation des personnes), marxiste (avoir remisé le salaire uniquement à but lucratif à la poubelle de l'histoire) et keynésienne, keynésienne à l'échelle mondiale.

Mais par-dessus tout, il est un monde dans lequel nous pouvons commencer à imaginer une authentique démocratie.

enfin, à propos de Merkel, il a ajouté dans un interview au Temps de Genève  :

"Il n’y a rien qui me réjouisse davantage que d’observer qu’un opposant politique fait la bonne chose. Je pense que j’ai un devoir de m’exprimer pour complimenter Mme Merkel. Elle a été absolument brillante en faisant preuve d’humanisme dans un univers sombre//

Ce qu’il faut, c’est un budget durable. Les Etats n’ont pas à repayer leur dette, tout ce dont ils ont besoin c’est de la refinancer. Tant que vous dirigez une politique fiscale responsable, que votre PIB croit, vous pouvez maintenir un petit déficit. Si Mme Merkel avait un déficit supérieur à 3% aurait-elle renvoyé les réfugiés, ou aurait-elle fermé les frontières à leur approche? Je ne crois pas.

 A méditer....même si cela peut paraitre assez théorique (il est plus chercheur que politique) et pas toujours facile à imaginer...

* D'autres économiste, à commencer par Piketty disent la même chose que lui en gros...

Les commentaires sont fermés.