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Grâce à Dieu de François Ozon, les frontières floues de l'immaturité

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J’aime la manière très fine dont François Ozon perçoit les relations humaines….Alors que j’ai eu peu d’empathie pour ses premiers succès (Sous le sable, Huit femmes, Potiche), j’ai aimé Frantz, qui marque pour moi, un tournant dans la carrière de l’artiste, et en particulier, pour la manière dont il mettait en lumière les fragilités et les frontières floues du genre.

 

Il excelle donc dans « Grâce à Dieu ». Bien sûr, son film est bien construit, il est très documenté, il rend compte avec réalisme des rapports troubles entre le Père Preynat et ses victimes. On peut donc voir le film d’Ozon comme un documentaire…Sauf qu’Ozon apporte une dimension complémentaire, il brosse avec brio le portrait de trois victimes, trois hommes prédisposés par leur histoire à être « aimés » par le prêtre pédophile, et on sent, si on veut bien le voir, toute la frontière assez bordeline entre victime et accusé, cet espace un peu flou qui fait que la vie bascule sans trop vraiment savoir qui est vraiment moteur, responsable, au sens humain du terme et non et sens usuel, juridique du mot (qui est coupable, qui est réfléchi, qui doit rendre compte, etc….) et on sent bien que c’est ce qui crée malaise et douleur irréversible.

 

Il n’est pas question de faire l’éloge de la pédophilie, car on est en présence d’un adulte d’un côté, censé devoir répondre de ses actes et d’enfants d’autre part….Evidemment que le jeu n’est pas égal…Mais la force du réalisateur me semble être en filigrane, de montrer qu’entre immaturité affective d’un ecclésiastique et immaturité adolescente légitime de trois jeunes garçons se joue un drôle de truc…

 

Après sur un plan purement juridique, évidemment que l’Eglise est hautement condamnable, même si Barbarin trouve que « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits », elle est condamnable pour les faits mais elle est surtout condamnable et Ozon le met superbement à jour, pour l’immaturité affective et sexuelle de ses membres, de tous ses membres, qui sont par ailleurs, des gens qui se présentent comme des modèles….Dangereuse Eglise qui est en train de glisser vers les bas fonds et qui prend l'eau de tous côtés !!!!

Lors du discours de cloture du Sommet de l'Eglise de ce WE , le Pape a expliqué que "la pédophilie concernait d'abord les familles, qu'elle était œuvre de «Satan» et qu'elle n'était pas, ou marginalement, de la responsabilité de l'Église et encore moins des évêques qu'il a peu évoqués"...Immature, totalement immature !!!

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