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"Sur l'Adamant", un film à voir, pour sortir (tous) la tête de l'eau

 

 
 
 

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Embarqués sur l'Adamant pour sortir la tête de l'eau....il faut si peu de choses pour basculer dans la maladie mentale « qu'est ce qu'on a fait pour mériter cela », dit l'un des pensionnaires...schizophrénie, psychoses, bouffées délirantes, crises d'angoisses, autisme, poussées suicidaires, des termes qui font peur, mais qui ne devraient pas nous effrayer...Des héritages compliqués de l'enfance à l'aventure sentimentale qui fait rejaillir des fractures passées et qui tourne vinaigre, la frontière qui sépare normalité et déviance est si floue....Un peu comme le brouillard qui entoure l'Adamant à la fin du film, on peut vite passer du visible à l'invisible, de la lumière à la nuit, se « bruler les ailes », perdre « l'équilibre », tomber très bas....nous sommes si fragiles, si vulnérables, mais aussi si résilients...

Le film est comme il doit être, Philibert a du métier, il sait trouver la bonne distance, il sait saisir ce qu'il nous montre à voir : de l'intime et du collectif, du « lourd » et du rire, des moments de détente et des ateliers assidus, avec pudeur et sans clichés...en prenant le temps qu'il faut....Ah le temps... la vie sur l'Adamant, ce lieu de soins de jour rattaché à Saint Maurice, parait si paisible qu'on voudrait presque y vivre, à la fois si près de la foule (on est en bord de Seine non loin d'Austerlitz), et si loin du stress, des représentations, où les « gens normaux » jouent leur rôle au grand cirque social du matin au soir...

Ceux qui viennent dans la péniche, ont à l'évidence leurs phases de « malaise », certains semblent souffrir beaucoup, les médicaments sont nécessaires, on n'est pas dans l'antipsychiatrie des années 70 ou dans la psychiatrie en déclin....l'Adamant est une chance, une expérience, un tremplin vers « l'inclusion » donc, dans ce qui est montré : point de violence, point de crises, point de cris, point de blouses blanches et de lanières de contention...des humains qui cohabitent avec des soigants s'expriment, cherchent, créent, car la création est la bonne fuite des troubles, des voix intérieures qui perturbent l'existence : ils dessinent, cousent, cuisinent, comptent (difficilement) la caisse, jouent merveilleusement bien de la musique...C'est souvent brillant....Entre Frédérique (en image ci-dessus) et Houellebecq ou Antonin Artaud, la distance ne semble pas si grande, et ce que Frédérique dit sur sa quête de personnages auxquels il s'identifie, pour chercher des réponses à son mal être, a du sens...

Ce qu' exprime Catherine, sur la peur de se sentir rejetée, jugée incompétente pour animer une activité, sur la difficulté à vouloir être reconnue, aimée, désirée, on l'a tous vécu non ?

Tout coule dans cet écrin, pépite de la psychiatrie institutionnelle, comme la Seine, que Philibert a du plaisir à filmer pour permettre des ponctuations...et la vie va....Courez y, Pierre, Paul, Nicolas et les autres ont des choses à vous dire, à vous montrer, à vous transmettre, à vous demander aussi....ceux là parlent de nous avec une liberté, une authenticité, que nous aimerions tous pouvoir retrouver dans la vraie vie....celle qu'on dit « normale ». Ne devrions pas tous être les psys des uns des autres ?

 

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