Rien ne m’énerve plus que les retournements de veste de nos intellectuels, journalistes, qui hier soutenaient Hollande et aujourd’hui, semblent se ranger dans une critique assez rude. On avait vu le même phénomène se produire avec Sarkozy ou avec DSK, d’abord très soutenu lors de sa première arrestation, pour finir marginalisé et infréquentable.
Un bel exemple est fourni par Edgar Morin, qui vient de répondre aux journalistes du Monde, (le Groupe qui a besoin de se faire du fric pour alimenter le trio Pigasse, Niel, Bergé) en adressant une critique à peine voilée de la politique (certes, plus que floue) de notre Président. On rappellera que le même Edgar Morin, qui avait soutenu activement Ségolène Royal en 2007, puis affiché ses affinités avec Martine Aubry, avant les primaires, puis cosigné un bouquin avec Hollande, il y a un an, n’est pas simple….En relisant rapidement cet ouvrage, on sent bien que les deux hommes ne se comprenaient pas, Hollande tentant de « récupérer » Morin, qui lui, prenait un malin plaisir à planer au dessus des basses besognes . Il faut reconnaitre qu’il n’est pas facile pour un politique quel qu’il soit (Sarkozy avait également reçu en son temps le philosophe) de tirer des enseignements de nos intellos franchouillards beaux parleurs, qui finiront toujours par une pirouette et par dire qu’ils ont été mal compris et qu'ils avaient tout vu avant les autres. Morin n'est pas le seul à jouer dans cette cour, on peut ajouter Attali, Minc, Onfray, Serres, etc...
Mais comment faire programme, dans une France divisée et opposée, avec des phrases de Morin, du type :
« Règne aussi l'illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l'erreur que la rigueur est remède à la crise, l'erreur que la croissance est remède à la rigueur »
« Aussi faut-il à la fois mondialiser et démondialiser, continuer tout ce que la mondialisation apporte de coopération, d'échanges fructueux, de cultures et de destin commun, mais sauver les terroirs, retrouver les agricultures vivrières, sauvegarder les autonomies. Il faut prendre position au-delà de l'alternative mondialisation/ démondialisation. »
« Une grande politique économique comporterait selon moi la suppression de la toute-puissance de la finance spéculative tout en sauvegardant le caractère concurrentiel du marché ; comme je l'ai dit, le dépassement de l'alternative croissance/décroissance en déterminant ce qui doit croître : une économie plurielle, comportant le développement d'une économie verte, de l'économie sociale et solidaire, du commerce équitable, de l'économie de convivialité, de l'agriculture fermière et biologique, de l'entreprise citoyenne. Mais aussi ce qui doit décroître : l'économie créatrice de besoins artificiels, du futile, du jetable, du nuisible, du gaspillage, du destructeur »
J’ai lu lors de sa sortie, la Voie d’Edgar Morin….on comprend bien les idées, mais quand cela devient concret, on sent que cela flotte….et c’est bien le problème…alors, en France, où l’on pense ( à mon avis, à tord) que la philosophie peut nous sauver, il serait peut être bien de faire travailler ensemble philosophes et politiques, économistes et écologistes, chefs d’entreprise et chercheurs…..en s’efforçant de faire comme les anglo saxons : rester pragmatique et faire émerger de toute urgence une voie concrète….car philosopher dans un amphi ou dans un bouquin, c’est bien, profiter d'une election pour faire parler de soi, ça dénote un sens aigu de l'opportunisme, et puis, comment il dit le philosophe, il faudrait supprimer le nuisible, le jetable, le futile....