Cela fait parti de ces petits films qui, sortis cet été, sont passés pratiquement inaperçus…
Tout comme le personnage de Vivian Maier, une américaine passionnée par la photographie, solitaire et mystérieuse, dont l’un des réalisateurs du documentaire a découvert le travail par hasard en achetant des photos dans une vente…
Inconnue de son vivant, cette femme décédée en 2009, dont on ne sait au fond pas grand-chose, a laissé des milliers de pellicules, de négatifs, de bobines, évoquant le plus souvent la rue, des anonymes, des enfants, des chiens, des animaux, des situations, révélant un regard d’une grande sensibilité, sachant trouver la bonne distance et le bon cadre pour voler une tranche de vie à toutes sortes de personnages, qu’elle rencontrait au quotidien...et puis, ce sont de vrais instantanés, pas des clichés qui résultent d'une préparation et d'une mise en scène, comme le fit parfois Robert Doisneau, par exemple.
Partant à la recherche de gens qui l’ont connue, fréquentée, employée également comme nourrice ou comme baby sitter, on obtient, comme souvent des témoignages, qui se contredisent, tant un individu quel qu’il soit, est toujours un secret, qui s’adapte, qui se métamorphose, en fonction du moment, des interlocuteurs, de son humeur et de ceux qui l’entourent à une période donnée…vous n'avez jamais vu quelqu'un passer du mépris à la tendresse, en fonction des circonstances, nos dirigeants nous en fournissent de beaux exemples au plus haut sommet de l'Etat, c'est l'humanité.... et du coup, elle apparait assez marginale, parfois cruelle, parfois folle, parfois inadaptée, obsessionnelle, égoïste, et parfois extrêmement généreuse, en particulier quand elle déclenchait l’obturateur…Au fond, le plus important pour moi, c'est sa production qui révèle peut être le mieux Vivian Maier.
Après tout, peu importe les zones d’ombres, ses clichés sont dignes des plus grands…pourtant, la réglementation des musées fait qu’elle ne peut pas être reconnue comme une artiste véritable…
On salue également l’obstination de celui qui a bataillé pour comprendre, qui a trié des dizaines et des dizaines de boites à chaussure, et qui probablement a pris un risque financier en faisant réaliser des tirages professionnels à partir de négatifs abandonnés normalement à leur sort…et qui a fini par en faire un film très émouvant.